Santé mentale des 0-5 ans : le Conseil Supérieur de la Santé délivre ses recommandations

10 décembre 2025

Le Conseil Supérieur de la Santé déclarait tout récemment : « le récent avis du CSS vise à identifier les pratiques porteuses et les lacunes de la politique de santé mentale à l’égard des jeunes enfants et à formuler des conseils fondés sur des données probantes afin de combler ces lacunes. ». Un travail collaboratif – composé d’experts (professeurs d’université, collaborateurs d’institutions scientifiques, acteurs de terrain) et d’organismes publics comme l’ONE, Opgroeien, VIVEL, les Comités de politique en matière de santé mentale pour enfants et jeunes (COMGGKJ), les associations scientifiques WAIMH Vlaanderen et WAIMH Belgo-Luxembourgeoise ou encore la Fondation Roi Baudouin – permettant de dégager des recommandations auprès des politiques en charge de la santé mentale des jeunes.

Pour un tout-petit, la capacité de grandir dans un environnement favorable, être alimenté de manière saine et disposer d’un accès aux soins figure comme des besoins primaires essentiels. Pour assurer le développement des plus jeunes, leur santé mentale est également un facteur clé sur lequel les politiques doivent miser. C’est sur ce qui semble être des évidences que le Conseil Supérieur de la Santé réagit et fait part d’un avis sur le sujet.

Les premières années de la vie, de la grossesse jusqu’à l’âge de cinq ans, sont cruciales pour le développement d’un enfant. Des études scientifiques montrent que cette période a une influence sur la santé future, les résultats scolaires, les relations sociales et la productivité. Pourtant, la santé mentale des jeunes enfants reste négligée dans les politiques, tant en termes d’attention que de financement. Afin d’y remédier, le Conseil Supérieur de la Santé (CSS) a rédigé un avis visant à promouvoir la santé mentale des jeunes enfants. CSS

Constats tirés de l’avis du CSS

En guise d’introduction mais surtout pour une meilleure compréhension de ce qui a poussé le CSS a développer son avis, voici quelques points d’attention tirés du document en libre accès :

  • L’environnement dans lequel évolue l’enfant influence sa santé ainsi que son bien-être. Promouvoir la santé mentale des enfants doit donc prendre en compte le soutien à cet environnement proche.
  • Les types de troubles pris en compte par le groupe de travail sont les mêmes qui sont repris dans le DC :0-5 (classification diagnostique de la santé mentale et des troubles du développement pour les enfants âgés de 0 à 5 ans et publiée en 2016 par l’organisation ZERO TO THREE aux États-Unis) → Pour se procurer le DC : 0–5™ Manuel et formation | DE ZÉRO À TROIS
  • Afin de pouvoir offrir un soutien inclusif aux parents et enfants en situation de vulnérabilité, impliquer activement ces groupes dans la prise de décision quant aux politiques à mettre en œuvre.
  • En intégrant l’éthique des soins dans les politiques et les pratiques relatives aux soins de santé mentale pour les jeunes enfants, les soins peuvent se transformer en un outil puissant, collectif et durable de prévention précoce des problèmes de santé mentale (pour la population dans son ensemble, de l’enfant à l’adulte).
  • Il est scientifiquement établi que lors de certaines périodes de vie (grossesse, trois premières années), le développement des enfants s’avère particulièrement sensible aux influences contextuelles multiples, positives et négatives mais il est important de souligner que le « développement » des enfants ne s’arrête pas après ces périodes sensibles.

Principales recommandations

Pour favoriser un soutien plus affirmé des politiques en matière de santé mentale auprès des plus jeunes et leurs familles; le CSS préconise une approche intégrée couvrant différentes disciplines et différents secteurs, en prenant en compte les familles et favorisant la continuité des soins. Les principales recommandations du Conseil Supérieur de la Santé sont les suivantes :

  • Améliorer les conditions de vie des familles et soutenir activement les parents
  • Sensibiliser la population à la parentalité et au développement de l’enfant
  • Garantir un accès facile à un soutien, un accompagnement et des soins appropriés
  • Former les professionnels à reconnaître les signes d’alerte à un stade précoce
  • Harmoniser les compétences et assurer la continuité des soins en renforçant les structures existantes

→ Vers l’avis du CSS : Santé mentale des jeunes enfants (Avis n° 9742 – Novembre 2025)

Les recherches récentes ont mis en lumière l’impact déterminant des premières années de vie sur la santé physique et mentale, la réussite scolaire, l’intégration sociale et la productivité future. Ces données plaident en faveur d’un investissement accru dans les soins prénataux, périnataux et postnataux, tant du point de vue éthique qu’économique ou sociétal. En-dessous de 5 ans, les besoins en santé mentale sont principalement non exprimés par l’enfant et souvent trop peu reconnus, sous-estimés et donc discriminés. Il s’agit ainsi par définition d’une catégorie de population vulnérable. Par conséquent, une approche spécifique de cette catégorie d’âge dans la mise en place d’actions de santé publique s’impose. Lu dans l’avis rendu par le Conseil Supérieur de la Santé

Un mot sur le CSS

Fondé en 1849, le Conseil Supérieur de la Santé est un organe d’avis fédéral dont le secrétariat est assuré par le Service fédéral santé publique, sécurité de la chaîne alimentaire et environnement. Le CSS rend des avis scientifiques relatifs à la santé publique aux ministres de la Santé publique et de l’environnement, à leurs administrations et à quelques agences. Ces avis sont émis sur demande ou d’initiative. Grâce à son expertise, il permet d’indiquer aux décideurs politiques la voie à suivre en matière de santé publique sur base des connaissances scientifiques les plus récentes. Outre son secrétariat interne composé d’environ 25 collaborateurs, le Conseil fait appel à un large réseau de plus de 500 experts (professeurs d’université, collaborateurs d’institutions scientifiques, acteurs de terrain, etc.), parmi lesquels 300 sont nommés par arrêté royal au titre d’expert du Conseil. Les experts se réunissent au sein de groupes de travail pluridisciplinaires afin d’élaborer les avis.

→ Pour plus d’informations : info.hgr-css@health.fgov.be ou 02/524 97 97