Avez-vous déjà entendu parler du Kangourouthon ? Le marathon du peau à peau qui a lieu chaque année au sein d’unités de soins intensifs néonatals du monde entier ? Cet événement qui a lieu à la mi-mai provient tout droit du Canada et vise à promouvoir une pratique aussi simple que révolutionnaire : la méthode kangourou. En Belgique, plusieurs hôpitaux s’inscrivent activement dans cette dynamique qui place l’humain, la chaleur et le lien au cœur des soins.
Tenir son bébé contre soi, peau contre peau, dès les premières heures de vie, et aussi souvent que possible : ce geste instinctif est aujourd’hui validé par de nombreuses études scientifiques et recommandé par l’OMS. Au CHU Saint-Pierre notamment, la participation au Kangourouthon s’inscrit, selon l’hôpital, dans une philosophie de soins profondément humaine : “Objectif zéro séparation”.
Même après une césarienne ou en cas de séjour en néonatologie, tout est mis en œuvre pour que les parents puissent rester en contact physique avec leur bébé. »
Un concept tout droit venu du Canada
Le Kangourouthon est un événement annuel né en 2018 au Québec, initié par six hôpitaux universitaires avec le soutien de la Fondation de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ). Inspiré par une initiative antérieure du Centre hospitalier Sunnybrook de Toronto, il vise à promouvoir la pratique du peau à peau en soins intensifs néonatals en encourageant les parents à tenir leur bébé contre leur poitrine pendant le plus grand nombre d’heures possible. Cette approche s’inscrit dans la continuité de la méthode kangourou, développée à Bogotá dans les années 1970, et reconnue aujourd’hui pour ses nombreux bienfaits sur la santé et le développement des nouveau-nés. Depuis, le Kangourouthon s’est étendu à d’autres pays, dont la Belgique, où des hôpitaux comme le CHU Saint-Pierre à Bruxelles s’y engagent chaque année.
Le Kangourouthon, une pratique prolongée et accompagnée
Pendant toute la durée du Kangourouthon, les équipes médicales encouragent donc les parents à pratiquer le peau à peau le plus longtemps possible chaque jour, depuis la naissance jusqu’à la sortie de l’hôpital — et au-delà. Des écharpes de portage et bandeaux sont mis à leur disposition, et un accompagnement est proposé pour que chacun, chacune, se sente à l’aise dans cette approche. Car le peau à peau, ce n’est pas seulement une technique : c’est un moment de rencontre, une reconnaissance des compétences naturelles des parents, un soin enveloppant pour les bébés souvent fragiles, prématurés ou hospitalisés.
Et quand les parents ne peuvent pas… les câlineurs prennent le relais
Parfois, pour des raisons médicales, sociales ou personnelles, les parents ne peuvent pas être présents auprès de leur nouveau-né aussi souvent qu’ils le souhaiteraient. C’est là qu’interviennent des bénévoles au rôle aussi méconnu que précieux : les Câlineurs de bébés. Formés par les équipes hospitalières, ces hommes et femmes offrent leur temps, leur tendresse et leur calme pour porter, apaiser, bercer et câliner les nourrissons hospitalisés. Ils ne remplacent pas les parents, mais permettent de maintenir le lien humain essentiel au bon développement du bébé, en attendant que les parents puissent reprendre leur place. L’asbl est déjà active dans divers hôpitaux bruxellois dont l’Hôpital des Enfants, le CHU Saint-Pierre ou encore l’Hôpital Delta. Leur présence contribue à réduire le stress du nouveau-né, à renforcer sa stabilité physiologique, et à lui offrir un contact humain bienveillant, dans une période de vie où chaque minute de chaleur compte.
Une médecine du lien
Le Kangourouthon, les soins peau à peau, les câlineurs de bébés… Tout cela raconte une même vision : celle d’une médecine du lien, fondée sur la tendresse, la confiance et l’attention à l’autre. Ce n’est pas une médecine qui se contente de soigner les corps, mais qui prend soin des débuts de vie, des émotions, des relations. En soutenant le peau à peau et ses multiples déclinaisons, les hôpitaux comme le CHU Saint-Pierre réaffirment une conviction forte :
« La chaleur humaine est un soin à part entière. Elle ne coûte rien, mais elle transforme tout. »