« Je pense qu’on ignore ce qu’est la charge mentale avant de devenir parent. C’est juste inimaginable tout ce à quoi il faut penser et gérer. On est plongé dans un monde inconnu. » À travers sa nouvelle campagne, Soralia tire la sonnette d’alarme : en Fédération Wallonie-Bruxelles, il n’existe en moyenne que 3 places disponibles en crèche pour 10 enfants. Un manque structurel qui pénalise directement les familles.
En 2023-2024, Soralia (mouvement mutualiste féministe d’éducation permanente) a lancé un questionnaire en ligne pour recueillir les témoignages de (futurs) jeunes parents. Les résultats sont tout juste sortis et ils sont on ne peut plus clairs : « Trouver une place en crèche, c’est (presque) mission impossible ».
Des parents en stress permanent
Laudine Lahaye, chargée d’études et spécialiste des thématiques familiales chez Soralia, explique au sein d’un communiqué : « Même s’il existe des disparités parfois importantes en fonction de la province voire de la commune, on peut globalement dire qu’il y a un manque structurel de places d’accueil pour les enfants vivant en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les futurs parents sont confrontés à divers obstacles : elles·ils ne savent pas où se situent les places disponibles ; elles·ils doivent contacter et entamer l’inscription dans plusieurs milieux d’accueil à la fois, avec tous les mails, rappels que cela engendre, sans jamais connaître leur place ni les délais d’attente. » Cette situation a des conséquences directes sur la santé des familles : stress, anxiété, risques accrus de dépression post-partum.
Un droit fondamental bafoué
Pour Soralia, l’accueil de qualité de chaque enfant « représente un droit fondamental : c’est reconnu par la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’ONU. Si on ne mise pas sur les enfants maintenant, on le paiera après ! Les enfants bien “outillés” d’aujourd’hui seront les adultes de la société de demain. » Au-delà des difficultés logistiques, les inégalités de genre sont renforcées.
« Les inégalités femmes-hommes commencent souvent devant le panier de langes sales. L’arrivée des enfants confronte beaucoup de femmes à cette dure réalité. Ce sont généralement elles qui réduisent leur temps de travail pour s’occuper des enfants, elles sont aussi plus nombreuses à prendre un congé parental et à gérer les démarches administratives, notamment lorsqu’il s’agit de chercher une place d’accueil », souligne Laudine Lahaye.
« Un conte drôle et engagé »
Pour sensibiliser largement, Soralia a choisi de mettre en scène un conte. L’histoire d’Alex et Sam, futurs parents, confrontés à la recherche d’une place d’accueil, a été illustrée par Prisca Jourdain. « Même si le récit illustre des réalités très concrètes et difficiles, nous avons pris le parti de jouer la carte de l’humour. Pour nous, le conte est une porte d’entrée idéale pour rendre le sujet accessible et pour pouvoir échanger avec les gens. C’est un outil plus politique qu’il n’y paraît ! », explique l’équipe de campagne. Des stickers et des actions de terrain viendront compléter ce dispositif pour « diffuser la campagne sur l’ensemble du territoire ».
« L’intime est politique »
Pour Noémie Van Erps, secrétaire générale de Soralia, « défendre les droits des familles fait partie de l’ADN de notre ASBL. Dans un contexte politique fragilisant nos fondements sociaux et sociétaux, nous devons rappeler, plus que jamais, que l’intime est politique. »