Une campagne de prévention pour sensibiliser au syndrôme d’alcoolisation fœtale

8 septembre 2025

Le 9 septembre, c’est la journée mondiale de sensibilisation au Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF). En Belgique, il concerne une à deux naissances sur 1000. Les conséquences sur le fœtus sont multiples, malgré la difficulté de prédire avec exactitude les effets. La précaution serait d’arrêter la consommation d’alcool avant même de concevoir un enfant. Dans la pratique, ce n’est pas aussi simple. Des aides existent pour les (futures) mamans. À titre d’exemple et pour mieux comprendre, mieux repérer et mieux accompagner les familles et les enfants concernés,  une campagne préventive a été lancée à La Réunion par le Centre de Ressources TSAF.

Si la maman enceinte consomme une quantité d’alcool, même minime, cela présente déjà un risque, pour le bébé, de développer une anomalie et un risque de lésions irréversibles. C’est ce que les professionnel.le.s du secteur appellent l’Exposition Prénatale à l’Alcool (EPA). Pour les femmes désireuses d’avoir un enfant, les experts conseillent de stopper totalement la consommation d’alcool dès l’annonce de la grossesse. Ensuite, il y a les troubles occasionnés suite à une consommation d’alcool durant la grossesse qui, eux, sont regroupés sous l’appellation “ETCAF” (Ensemble de Troubles Causés par l’Alcoolisation Fœtale). Enfin, on parle de Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF) lorsque l’on constate des anomalies physiques, mentales, comportementales ou encore des lésions cérébrales permanentes. Pour développer le sujet, voici quelques informations sur les gestes préventifs, les risques encourus par le bébé suite à une consommation d’alcool de la maman, une campagne préventive grand public en France ainsi que le dossier santé mental périnatal en cours sur Born in Brussels.

30% de femmes consomment de l’alcool hors grossesse. Et à partir du moment où elles sont enceintes, la moitié d’entre elles arrêtent totalement : « Ce sont ces femmes-là qu’on doit cibler pour la prévention de ce syndrome. En tant que professionnel de la santé, on se doit d’informer à ce sujet », déclare la Dr Samartzi, cheffe de service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital de Jolimont à la Louvière et à l’hôpital de Nivelles pour le journal Rtbf.

Une campagne préventive à La Réunion

« Cette campagne de prévention grand public permet de poursuivre la sensibilisation de la population, des futures mères et futurs pères ainsi que de l’entourage car nous avons tous un rôle à jouer dans la prévention de ces handicaps évitables. » Une campagne qui s’étend par différentes voies : des affichages près des lycées, sur les arrières de bus, un spot radio diffusé toute la semaine, un stand de prévention ou encore un projet intitulé « Un cerveau, ça se construit sans alcool » réalisé dans plusieurs collèges de l’île afin sensibiliser les adolescents sur les risques liés à la consommation d’alcool avant 25 ans.

Les messages clés de la campagne sont les suivants :

  • Avant la grossesse : zéro alcool pour les deux parents – l’alcool abîme les
    spermatozoïdes et peut impacter la santé du futur bébé.
  • Pendant la grossesse : zéro alcool pour la future maman – seule l’abstinence protège
    le bébé.
  • Tous les alcools sont dangereux – un verre standard de vin, de bière ou de champagne
    contient autant d’alcool qu’un verre de rhum.
  • Pendant l’allaitement : zéro alcool – l’alcool passe dans le lait et abîme le cerveau du
    bébé.
  • Jusqu’à 25 ans : vigilance – l’alcool peut perturber la construction du cerveau

Dossier santé mentale périnatale

Sur Born in Brussels, un dossier intitulé « Santé mentale périnatale » se développe petit à petit. Il est rédigé en collaboration avec Bru-Stars, Réseau de santé mentale pour enfants et adolescents, dans le cadre de la nouvelle politique en santé mentale. Son objectif ? Permettre aux professionnel.le.s de la périnatalité, ainsi qu’aux (futurs) parents et, en particulier, les femmes à risque de vulnérabilités, de s’y retrouver parmi toutes les offres possibles en Région bruxelloise. Le dossier propose plusieurs sous parties comme : les addictions, les violences conjugales, le deuil d’un bébé, les différents spécialistes « à qui poser mes questions ? », un répertoire des acteurs de la santé mentale périnatale bruxellois et une page intitulée « Les dangers de la consommation d’alcool chez la femme enceinte ».

→ Pour consulter le dossier santé mentale périnatale

Quels risques pour le bébé ?

Exposés à l’alcool durant la grossesse de leur maman, les bébés peuvent présenter de multiples troubles : un retard de croissance, des malformations, une atteinte de leur système nerveux, des troubles du rythme cardiaque, de respiration ou de digestion ou encore de troubles du sommeil. C’est ce que les experts appellent plus couramment une EPA – Exposition Prénatale à l’Alcool – qui est une intoxication du fœtus provoquée par la consommation d’alcool durant la grossesse. L’EPA peut provoquer différents dégâts sur l’organisme en développement du bébé, tout au long de sa vie :

  • Problèmes d’intelligence et d’apprentissage
  • Troubles sensoriels (vue, tolérance à la douleur anormalement élevée, dyslexie, surdité…)
  • Problèmes de comportement (sommeil, syndrome de la Tourette, terreurs nocturnes, traits autistiques, impulsivité, maladies mentales, dépression, violence, …
  • Problèmes physiques (faible poids de naissance, petite tête, déformation du visage, de la bouche, retard de croissance, petite taille, problèmes osseux, articulaires, musculaires, malformations génitales, cardiaques…)

« Dans 80% des cas, les fœtus sont plus petits en taille et en poids, tout comme leurs organes. L’alcool peut également être toxique pour les neurones qui ne vont pas migrer correctement. Résultat : en plus du retard de croissance, il va y avoir un impact neurodéveloppemental important. On peut remarquer un souci chez l’enfant comme des atteintes sur la motricité, le tonus ou encore des retards d’acquisition », explique à la Rtbf la Dr Samartzi, cheffe de service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital de Jolimont à la Louvière et à l’hôpital de Nivelles.

Mieux vaut prévenir…

Les risques encourus par une consommation d’alcool sont présents dès les premières semaines de grossesse. Il est important de rappeler qu’une consommation d’alcool de la future maman rendra le fœtus lui-même dépendant. Par la suite, ce dernier devra subir un véritable sevrage dès à sa naissance. Une entrée dans ce monde plutôt difficile ! Pour prévenir le SAF, il est fortement conseillé d’arrêter rapidement toute consommation, avant et pendant la conception. À l’instar de fumer, boire est une addiction difficile à arrêter du jour au lendemain. Il est alors conseillé de diminuer petit à petit sa consommation ; cela aidera le bébé à se développer correctement.

Une fois que la partie toxique se développe dans le corps, on ne peut rien faire pour l’arrêter, d’où l’importance de sensibiliser le grand public : « C’est la première cause de déficience intellectuelle qui est évitable donc autant l’éviter ; ce ne sont que 9 mois d’efforts. Autant tout mettre de son côté pour que l’enfant se développe de façon harmonieuse… » , déclare à nouveau la Dr Samartzi.

Qui peut m’aider ?

Devenir parent relève d’un double défi. D’une part car ce n’est pas forcément inné et, d’autre part, parce qu’il faut traiter sa propre addiction. Une grossesse peut également ne pas être planifiée, voire découverte tardivement. Il est donc indispensable d’être bien informé.e en comptant sur un soutien bienveillant et un accompagnement pluridisciplinaire. Plus le soutien des professionnel.le.s survient tôt, plus rapidement la (future) maman pourra s’épanouir tout en réduisant, voire en arrêtant, sa consommation d’alcool. De cette prise de conscience et de l’aide apportée à la maman découlera la santé de l’enfant à naître. Dans la pratique, le.la professionnel.le est une personne ressource avec qui il est nécessaire d’instaurer un climat de confiance, du respect mutuel, un secret médical et avant tout une absence de jugement. Pour les mamans qui consomment de l’alcool comme moyen de diminuer leur stress, il existe d’autres alternatives totalement saines : la marche à pieds, le sport, s’allonger, écouter de la musique, prendre un bain, faire une sieste ou encore lire un livre.

→ Pour faire appel à une aide psychologique