À l’occasion de la tournée minérale – qui se déroule chaque année durant tout le mois de février – Born in Brussels tient à mettre en avant une problématique peu abordée : le Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF). En Belgique, il concerne une à deux naissances sur 1000. Les conséquences sur le fœtus sont multiples, malgré la difficulté de prédire avec exactitude les effets. La précaution serait d’arrêter la consommation d’alcool avant même de concevoir un enfant. Dans la pratique, ce n’est pas aussi simple. Des aides existent pour les (futures) mamans.
Si la maman enceinte consomme une quantité d’alcool, même minime, cela présente déjà un risque, pour le bébé, de développer une anomalie. C’est ce que les professionnel.le.s du secteur appellent l’Exposition Prénatale à l’Alcool (EPA). Pour les femmes désireuses d’avoir un enfant, les experts conseillent de stopper la consommation d’alcool au plus tôt. Ensuite, il y a les troubles occasionnés suite à une consommation d’alcool durant la grossesse qui, eux, sont regroupés sous l’appellation “ETCAF” (Ensemble de Troubles Causés par l’Alcoolisation Fœtale). Enfin, on parle de Syndrome d’Alcoolisation Fœtale (SAF) lorsque l’on constate des anomalies physiques, mentales, comportementales ou encore des lésions cérébrales permanentes. Pour développer le sujet, voici quelques informations sur les risques encourus par le bébé suite à une consommation d’alcool de la maman, les gestes préventifs ou encore la création du dossier santé mental périnatal.
30% de femmes consomment de l’alcool hors grossesse. Et à partir du moment où elles sont enceintes, la moitié d’entre elles arrêtent totalement : “Ce sont ces femmes-là qu’on doit cibler pour la prévention de ce syndrome. En tant que professionnel de la santé, on se doit d’informer à ce sujet”, déclare la Dr Samartzi, cheffe de service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital de Jolimont à la Louvière et à l’hôpital de Nivelles pour le journal Rtbf.
Dossier santé mentale périnatale
Sur Born in Brussels, un dossier intitulé “Santé mentale périnatale” est en cours de développement. Il est rédigé en collaboration avec Bru-Stars, Réseau de santé mentale pour enfants et adolescents, développé dans le cadre de la nouvelle politique en santé mentale. Son objectif ? Permettre aux professionnel.le.s de la périnatalité, ainsi qu’aux (futurs) parents et, en particulier, les femmes à risque de vulnérabilités, de s’y retrouver parmi toutes les offres possibles en Région bruxelloise. Le dossier propose plusieurs sous parties comme : les addictions, les violences conjugales, le deuil d’un bébé, les différents spécialistes “à qui poser mes questions ?”, ou encore un répertoire des acteurs de la santé mentale périnatale bruxellois.
→ Pour consulter le dossier santé mentale périnatale
Quels risques pour le bébé ?
Exposés à l’alcool durant la grossesse de leur maman, les bébés peuvent présenter de multiples troubles : un retard de croissance, des malformations, une atteinte de leur système nerveux, des troubles du rythme cardiaque, de respiration ou de digestion ou encore de troubles du sommeil. C’est ce que les experts appellent plus couramment une EPA – Exposition Prénatale à l’Alcool – qui est une intoxication du fœtus provoquée par la consommation d’alcool durant la grossesse. L’EPA peut provoquer différents dégâts sur l’organisme en développement du bébé, tout au long de sa vie :
- Problèmes d’intelligence et d’apprentissage
- Troubles sensoriels (vue, tolérance à la douleur anormalement élevée, dyslexie, surdité…)
- Problèmes de comportement (sommeil, syndrome de la Tourette, terreurs nocturnes, traits autistiques, impulsivité, maladies mentales, dépression, violence, …
- Problèmes physiques (faible poids de naissance, petite tête, déformation du visage, de la bouche, retard de croissance, petite taille, problèmes osseux, articulaires, musculaires, malformations génitales, cardiaques…)
“Dans 80% des cas, les fœtus sont plus petits en taille et en poids, tout comme leurs organes. L’alcool peut également être toxique pour les neurones qui ne vont pas migrer correctement. Résultat : en plus du retard de croissance, il va y avoir un impact neurodéveloppemental important. On peut remarquer un souci chez l’enfant comme des atteintes sur la motricité, le tonus ou encore des retards d’acquisition”, explique à la Rtbf la Dr Samartzi, cheffe de service de gynécologie-obstétrique à l’hôpital de Jolimont à la Louvière et à l’hôpital de Nivelles.
Mieux vaut prévenir…
Les risques encourus par une consommation d’alcool sont présents dès les premières semaines de grossesse. Il est important de rappeler qu’une consommation d’alcool de la future maman rendra le fœtus lui-même dépendant. Par la suite, ce dernier devra subir un véritable sevrage dès à sa naissance. Une entrée dans ce monde plutôt difficile ! Pour prévenir le SAF, il est fortement conseillé d’arrêter rapidement toute consommation, avant et pendant la conception. À l’instar de fumer, boire est une addiction difficile à arrêter du jour au lendemain. Il est alors conseillé de diminuer petit à petit sa consommation ; cela aidera le bébé à se développer correctement.
Une fois que la partie toxique se développe dans le corps, on ne peut rien faire pour l’arrêter, d’où l’importance de sensibiliser le grand public : “C’est la première cause de déficience intellectuelle qui est évitable donc autant l’éviter ; ce ne sont que 9 mois d’efforts. Autant tout mettre de son côté pour que l’enfant se développe de façon harmonieuse…” , déclare à nouveau la Dr Samartzi.
Qui peut m’aider ?
Devenir parent relève d’un double défi. D’une part car ce n’est pas forcément inné et, d’autre part, parce qu’il faut traiter sa propre addiction. Une grossesse peut également ne pas être planifiée, voire découverte tardivement. Il est donc indispensable d’être bien informé.e en comptant sur un soutien bienveillant et un accompagnement pluridisciplinaire. Plus le soutien des professionnel.le.s survient tôt, plus rapidement la (future) maman pourra s’épanouir tout en réduisant, voire en arrêtant, sa consommation d’alcool. De cette prise de conscience et de l’aide apportée à la maman découlera la santé de l’enfant à naître. Dans la pratique, le.la professionnel.le est une personne ressource avec qui il est nécessaire d’instaurer un climat de confiance, du respect mutuel, un secret médical et avant tout une absence de jugement. Pour les mamans pour qui l’alcool est un moyen de diminuer le stress, il existe d’autres moyens totalement sain : la marche à pieds, du sport, s’allonger, écouter de la musique, prendre un bain, faire une sieste ou encore lire un livre.
Un mot sur la Tournée minérale
Initialement lancée par La Fondation contre le Cancer, la Tournée minérale prend sa source en 2017. Son objectif est d’encourager les Belges à ne pas boire d’alcool un mois durant. Suite à un succès national : plus de 120.000 personnes se sont inscrites pour la première édition. Les motivations des participant.e.s étaient d’avoir une meilleure santé, de surmonter un défi personnel – ou entre ami.e.s –, ou encore de découvrir les bienfaits d’un sevrage mensuel. Par la suite, l’événement a pris de l’ampleur avec près d’1,5 million de participant.e.s en Belgique. Depuis 2021, deux associations ont pris l’organisation de l’événement en main : le VAD/De Druglijn en Flandre et l’asbl Univers santé en Belgique francophone.
Samuel Walheer