Deuil périnatal : Comment vivre après la mort de son bébé ? Une maman témoigne

13 novembre 2023

Pour des futurs parents, la mort soudaine de leur bébé est un choc innommable. Un traumatisme avec lequel le couple devra vivre et tenter, par la suite, de se reconstruire. Mais comment ? Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, on parle de deuil périnatal lorsque des parents perdent leur bébé entre la 22e semaine de grossesse et le septième jour après sa naissance. Le témoignage de Samantha, dans l’émission de France 2 Ça commence aujourd’hui”, démontre la complexité de vivre avec la perte de son bébé et les difficultés pour surmonter l’étape de la mort. 

Une multitude d’émotions nous traversent lorsqu’on apprend que l’on va devenir parent. Rien ne nous prépare réellement à donner la vie et encore moins à recevoir la mort. À l’annonce du diagnostic anténatal, les cas de figure divergent. La mort prénatale est généralement accidentelle et peut se présenter au travers d’une fausse couche ou encore d’une mort fœtale in utero (MFIU). Dans le cas de Samantha, la perte de son bébé est survenue alors qu’elle était arrivée au terme de sa grossesse (38 e semaine). 

Collision entre la vie et la mort 

Samantha et Maxime, dont l’histoire a été révélée au sein de l’émission “Ça commence aujourd’hui” de France 2, vivent ensemble depuis 2011. Ils traversent des moments difficiles, mais leur amour est plus fort que tout. Samantha demande alors Maxime en mariage en 2017 et quelques années plus tard, la jeune femme tombe enceinte de son premier bébé. Elle vit sa première grossesse à merveille et attend impatiemment la venue de son petit garçon. “C’était une grossesse parfaite. J’ai même eu la chance d’avoir une échographie tous les mois. Avant mon terme, j’ai effectué une dernière consultation. La sage-femme me dit que j’ai beaucoup de liquide amniotique, mais qu’à part ça tout va bien. Elle ne voit rien d’autre d’étrange et je rentre alors tranquillement chez moi. Le lendemain matin, il y a quelque chose d’étrange, je sens que mon bébé ne bouge plus du tout. Je ne m’en fais pas sur le moment, je me dis que je suis à 38 semaines, on approche de la fin peut être qu’il ne peut plus bouger, qu’il n’a plus beaucoup de place.” 

L’annonce du médecin 

Durant une grossesse, il est conseillé à la future maman d’être accompagnée par un.e gynécologue afin de suivre l’évolution de son bébé in utero. Ce suivi régulier permet de constater, lors des échographies, les éventuelles anomalies autour du fœtus. À la découverte d’une problématique comme une malformation, un risque élevé de fausse couche ou d’une mort instantanée, le médecin doit l’annoncer aux futurs parents. Cette nouvelle vient alors déstabiliser l’équilibre établi par la ou les protagonistes. “Arrivée à l’hôpital, la gynécologue me dit ‘bah dis donc il est caché où ?’ Je lui réponds alors qu’il ne peut pas être caché, je suis à terme. Et sans aucune explication, elle me dit ‘je suis désolée’. Les médecins vont alors chercher Max. À cet instant, il n’est au courant de rien. C’est à moi de lui annoncer la nouvelle. Je lui dis ‘c’est fini’. Et quand je lui dis que c’est terminé, je ne réalise pas. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. À partir de là, mon cerveau est en pause. Je me laisse complètement porter à partir de là“, continue Samantha au sein de l’émission.  

Comment vivre avec ce deuil ? 

Suite à l’annonce du médecin, survient alors naturellement différents sentiments pour les parents comme la colère, la honte, la douleur ou encore la culpabilité. Rien ne sera plus comme avant et il va falloir avancer avec ce désespoir. La maman et le papa vont vivre cette interruption brutale à différents niveaux. Car, perdre une partie de soi, parfois même sans pouvoir rencontrer son petit être cher, ou accoucher d’un bébé mort, est sans aucun doute une expérience des plus traumatisantes. 

Individuellement, le travail de deuil pour la femme s’appuiera davantage sur le psychique et la reconstruction du corps. Ce corps qui portera, douloureusement, la trace du passage du bébé. Quant à l’homme, la nécessité de paraître fort et de soutenir sa compagne sera davantage important pour favoriser ce travail de deuil prénatal. 

Ce deuil prénatal peut créer une crise au sein même du couple. Quand certains parents voient leur couple se diriger vers une inévitable rupture, d’autres se fortifient dans cette épreuve douloureuse. C’est le cas de Samantha et Maxime qui, suite à cet événement tragique, ont su ensemble remonter la pente et croire en leur bonne étoile. Samantha déclare :“Pendant les quinze jours qui suivent, on est des robots, on se laisse porter. Malgré cela, quelques mois plus tard, j’apprends que je suis de nouveau enceinte. Cette fois-ci, tout se déroule à merveille.” 

L’importance de l’accompagnement  

Après le choc du deuil, le couple est fragilisé et parfois isolé. Dans ces moments-là, il est nécessaire d’être bien entouré par sa famille ou ses proches. Lorsque l’isolement prend trop de place dans la vie du couple et devient pesant, des groupes de paroles, sur les réseaux sociaux, sont disponibles afin de pouvoir discuter avec des parents ayant vécu le même trauma.

À Bruxelles, il existe des groupes d’entraide pour parents endeuillés, proposés par le biais d’associations et animés par des professionnels ou des bénévoles ayant parfois eux-mêmes vécus un drame. Ces lieux d’échanges peuvent constituer une source de bien-être pour des parents en souffrance qui ressentent le besoin de partager leur expérience. Voici quelques liens d’associations ou d’initiatives vers lesquelles se tourner : 

Il existe également des services d’aide au sein d’hôpitaux (liste non exhaustive) : 

Texte : Samuel Walheer