Papa pour la deuxième fois, un membre de Born in Brussels raconte

10 juin 2025

À l’occasion de la traditionnelle fête des pères – célébrée chaque année en Belgique le deuxième dimanche du mois de juin – un des trois membres de l’équipe de Born in Brussels a décidé de partager sa récente expérience : devenir papa pour la deuxième fois. 

Evan, deuxième petit garçon de la famille. Photo : Samuel Walheer

 

Born in Brussels informe les futurs et nouveaux parents, les couples désireux d’avoir un enfant, les mamans vulnérables et bien sûr, les papas que l’on ne peut pas laisser de côté. Le dispositif propose un panel d’informations sur la santé et le bien-être durant la grossesse, la santé mentale périnatale, l’alimentation du bébé, des activités pour tout-petits et même une rubrique “SOS” ainsi qu’une dernière intitulée “Droits et démarches”. En tant que membre de cette équipe depuis bientôt deux ans, je souhaite partager ma récente expérience de papa d’un deuxième enfant. Expliquer, à ma manière, tout ce que cela implique en termes d’organisation, d’implication, de compromis, jusqu’à parler d’investissement de la part du papa. Quel est finalement son rôle pendant la grossesse, lors de l’accouchement et quels changements cela induit une fois de retour à la maison ?

“Avoir le privilège d’être à nouveau papa m’a rendu encore plus reconnaissant envers la vie et avec cette envie de profiter de tous les petits moments, aussi simples soient-ils, que j’ai la chance de vivre.”

Contexte

Mon épouse, notre plus grand garçon âgé de deux ans, Gabriel, et moi avons déménagé en décembre 2023 en Flandre, aux abords de Bruxelles. Gabriel est né à l’Hôpital Delta en 2022 avec une expérience d’accouchement très positive. Par souci de proximité et de logistique, nous n’avions pas le choix : il fallait changer d’hôpital. Ce sera donc le plus proche qui sera, espérons-le, le mieux : l’Hôpital Erasme. Une fois le projet “bébé2” lancé, il fallait également changer de gynécologue. Pas toujours évident mais encore une fois, il fallait se faciliter la tâche, en espérant que le contact soit aussi bon.
Après la première consultation, ma femme semblait séduite et donc rassurée. Ouf ! Le service maternité d’Erasme fonctionne de sorte que ce sont les sage-femmes qui disposent d’une grande marge de manœuvre lors du suivi de grossesse jusqu’à la prise en charge complète de l’accouchement. Il ne fallait donc pas négliger cet aspect quelque peu nouveau pour nous.
Mais il faut dire que nous avons rapidement été séduits par plusieurs facteurs : un hôpital de proximité et moderne, des professionnelles rassurantes et à l’écoute ainsi que la possibilité de visiter les lieux avant le jour-J :
une maternité flambant neuve à l’Hôpital Erasme, pour un meilleur respect du rythme et du choix de la patiente. Quelques semaines avant l’accouchement, nous étions tous les trois, ou plutôt tous les quatre (si l’on compte bébé2) à la maternité d’Erasme à recevoir – avec d’autres couples – les informations d’une sage-femme aussi captivante que bienveillante. Je fais partie de ces hommes qui – sans me lancer des fleurs – ne fait pas que participer ou accompagner sa compagne mais j’ai plutôt fait le choix de vivre et d’être pleinement impliqué dans notre projet commun ; à défaut de pouvoir porter le bébé dans mon ventre, je donne de ma personne. Il est vrai que cela nécessite du temps, de l’investissement, de l’organisation ainsi qu’une bonne communication entre papa et maman ; un vrai travail en soi. Sans vouloir tirer les traits, j’irais jusqu’à dire qu’il s’agit finalement non pas d’un choix personnel mais d’une possibilité du futur papa d’être là, quand on a besoin de lui, de se rendre disponible et d’être présent à la plupart des rendez-vous pour son bébé. Mais, je vous l’assure, dans la mesure du possible, il faut y aller et en profiter ; vous n’allez pas le regretter ! Il était primordial pour moi, en tout cas, d’être pleinement présent lors de l’accouchement et, à ma manière, d’être le plus actif et impliqué possible.

Lorsqu’Evan est sorti du ventre de sa maman, je me suis dit que c’était à la fois un soulagement pour elle, après l’avoir porté pendant presque 9 mois, mais aussi un sentiment de crainte pour ce que nécessite l’éducation de deux enfants.”

L’attente…

Étant déjà papa, j’avais vécu la naissance de Gabriel comme une expérience à la fois unique et singulière. Une avalanche de bonheur qui m’avait fait pousser des ailes et avait donné encore plus de sens à ma vie. Ce grand moment, on en entend parler, on nous le raconte, on en voit parfois à la télévision ou on imagine l’accouchement d’une manière ou d’une autre. On redoute certainement le pire, on a parfois hâte ou, bien souvent, on s’impatiente. Lorsque le moment arrive, tout cela n’a plus d’importance ; ou plutôt, on n’y pense plus. On vit l’instant présent ! Ma priorité pour ce deuxième accouchement était grâce à une première très bonne expérience d’être à la fois cette personne rassurante et bienveillante mais aussi la figure sur laquelle ma femme pourrait compter, voire se reposer. Une évidence, me direz-vous ? Pas forcément.

Pour revenir un peu en arrière, dans les premiers mois de sa grossesse, ma femme n’a pas ressenti ces fameuses nausées. Selon les gynécologues, lorsqu’on attend un petit garçon il y a en effet plus de chance de les éviter mais, bien entendu, cela varie d’une personne à l’autre. Ce fut le cas pour elle et la grossesse s’est, de manière générale, bien passée. Du moins, les cinq premiers mois. Car, plus bébé prend de la place, plus cela tire pour maman ; créant inévitablement des douleurs tout autour du ventre, des moments plus difficiles qui font partie d’une grossesse. Pour pallier cet inconfort, je la faisais rigoler ou du moins, j’essayais , je l’écoutais, je lui laissais du temps pour elle, je cuisinais plus qu’à l’habitué, je prenais soin d’elle en tentant de lui faciliter la vie. De son côté, Gabriel est un petit garçon agréable, pas difficile et surtout… il fait ses nuits ! Je dis cela car c’est un sujet qui importe, voire inquiète, de nombreux parents et en majorité les mamans (Témoignage d’une jeune maman épuisée : “J’ai fait appel à une coach du sommeil”). Il faut avouer que de notre côté, ce qui nous préoccupait davantage était ce qui nous attendait : une nouvelle organisation à l’arrivée d’Evan. Et oui, ce n’est plus un scoop, il allait s’appeler ainsi. En fait, nous avions tellement pris l’habitude d’être à trois à la maison, tout se passait si bien qu’il était encore difficile de nous projeter à quatre. Pourtant, cela allait changer dans peu de temps et il fallait s’y préparer.

Rien n’y fait, lorsque le couple est solide et bien organisé, cela facilite grandement la venue d’un nouvel enfant dans la famille. Une bonne organisation constitue même un prérequis, un indispensable.” 

L’accouchement

L’accouchement approchait à grands pas et, contrairement à Gabriel, Evan allait arriver avant la fin du terme, à la 38ème semaine. Il faut savoir qu’en Belgique, un accouchement à terme se situe généralement entre la 37ème  et la 42ème  semaine de grossesse. En attendant, il fallait se préparer non plus à l’inconnu, mais plutôt aux potentiels imprévus. Tenter d’être le plus prévoyant possible semblait de mise, ne rien omettre, cocher toutes, ou un maximum de cases sur la liste préalablement écrite, mettre la valise de naissance dans la voiture, etc. Évidemment, tout cela n’était pas fait et nous avons bouclé la valise pour la maternité juste avant le top départ. Il faut tout de même relever que nous avons été un minimum prévoyant.

Passé minuit, après avoir mis Gabriel au lit, nous étions prêt à partir à l’hôpital quand ma belle-sœur est venue jouer les baby-sitters. Arrivés à l’hôpital, une sage-femme nous a accueillis et a relevé que ma femme qui croyait seulement avoir quelques petites pertes avait perdu les eaux ; indiquant que le travail s’approchait et qu’une ouverture, décrite en centimètres, annonçait la sortie du bébé. À ce moment-là, l’ouverture était de 2 centimètres sur une échelle de 10, ce qui est peu. Nous avons alors été installés dans une salle d’accouchement, spacieuse et confortable. Une autre sage-femme en stage nous a rejoints et a pris les paramètres  d’Evan et ceux de ma femme. Elle commençait réellement à sentir de grosses douleurs. Je tentais tant bien que mal de la soulager en appliquant mes mains dans le bas de son dos. Après quelques heures dans cette salle d’accouchement – la notion du temps devient floue une fois à l’intérieur – et une ouverture du col passée à 4 centimètres, l’option de la péridurale a rapidement été abordée. Et oui, c’est aussi ça l’avantage d’avoir vécu un premier accouchement, on sait un peu plus vers où l’on va.

Pour rappel, la péridurale est une technique d’anesthésie, placée dans le dos de la femme, que l’on utilise pour soulager la douleur lors de l’accouchement via des anesthésiques locaux et des antidouleurs. Je ne vais pas vous cacher que l’anesthésiste a rapidement été appelée pour faire son travail. Après réflexion, nous avons trouvé cette spécialiste très procédurale, dans le bon sens du terme, posant plein de questions avant d’enfoncer son aiguille. Une fois soulagée, il a fallu moins d’une heure pour que ma femme sente l’arrivée du bébé. Comme lors du précédent accouchement, je souhaitais vivre l’événement au plus près. L’idée d’aller récupérer mon fils à sa sortie me réjouissait. Après la première poussée de ma femme, il n’a pas fallu plus de 15 minutes pour qu’il pointe le bout de son nez. C’est ainsi, grâce au travail formidable des deux sage-femmes, que j’ai pu tenir mon deuxième fils dans les bras pour le déposer sur le torse de sa maman. Un soulagement, des émotions qui vous transpercent et qui vous prennent au plus profond de vous. Un des plus beaux moments de ma vie.

“Avoir deux enfants, c’est presque trois fois plus de bonheur. Celui que l’on voit dans les yeux de sa femme, de son plus grand fils et le sien en tant que papa.”

Un deuxième enfant, ça change quoi ?

Depuis sa venue, Evan prend naturellement de la place. Malgré la taille suffisamment grande de notre maison, il faut dire qu’il a quelque peu envahi le salon : un parc, un tapis, un matelas à langer, des paquets de couches, des biberons, des pots de lait en poudre et j’en passe. L’aîné, âgé de trois ans, semble très heureux de cette venue. Il est curieux, observateur et câlin avec son petit frère. Sa maman s’est, pour ainsi dire, rapidement remise de l’accouchement. De manière rétroactive, on peut dire que ce fut un accouchement presque parfait. Dans la pratique, la venue d’un deuxième enfant apporte indéniablement plus d’investissement. Je ne parlerais pas de “travail” car il s’agit bien d’un projet de vie, de la fondation d’une famille.

Lorsqu’on devient parent pour la première fois, tout est nouveau, c’est la totale découverte de tout et parfois même de soi, dans son nouveau rôle de parent. Avec la venue d’un nouveau petit être, c’est clairement une nouvelle organisation qui s’impose. Pas le choix, si l’on veut pouvoir vivre confortablement, il faut être organisé. Même si, comme on dit, un enfant n’est pas un autre, les gestes nécessaires et les actions quotidiennes, elles, ne changent pas vraiment. Ce fut donc notre seul et vrai avantage : l’expérience. Dans la pratique, il faut se remettre dans le bain. Heureusement, les réflexes reviennent finalement assez vite. On en devient presque nostalgique en regardant Gabriel qui semble géant à côté de son petit frère, qui mesure à peine une cinquantaine de centimètres. Si l’on veut rester actifs en tant que parents de deux enfants, l’aspect essentiel est pour moi la communication. Cela parait simple à dire mais pas si facile à concrétiser, car il faut trouver la bonne manière de communiquer. Tout passe finalement par là. Jusqu’à permettre au couple de se tirer vers le haut, de garder la tête froide dans les moments plus difficiles et de pouvoir se soutenir l’un envers l’autre lorsque cela est nécessaire. Sans oublier la nécessité de conserver ses propres activités personnelles : faire du sport, voir sa famille, ses amis, partager des moments en dehors du cocon familial permet aussi d’éviter le surmenage, voire le burnout parental. Une bulle d’air qui semble presque indispensable – ou en tout cas à ne pas négliger – au bien être personnel de tout parent.

Pour bien faire, nous partageons les multiples petites actions que deux enfants requièrent. Des actions qui, si elles ne sont pas partagées, peuvent rapidement devenir un sujet de discordes. Ce partage d’expérience n’est donc pas fait pour décourager les couples désireux d’avoir un jour un enfant mais bien de relater une histoire, parmi d’autres. Mettre des mots sur ce que l’on a vécu permet aussi bien de revivre l’événement, les scènes, de prendre du recul sur ce que l’on fait au quotidien ; une sorte de psychanalyse gratuite. En espérant que cela inspire des couples désireux d’avoir un enfant, de nouveaux parents ou encore en invite d’autres à partager leur aventure.

Être un couple pour élever deux enfants, c’est déjà quelque chose. J’ai beaucoup d’admiration pour les parents solos, en majorité des mamans. C’est tout un art de s’occuper d’un enfant, de l’éduquer, de l’élever. Partir de sa propre expérience est naturel mais il faut pouvoir se remettre en question pour savoir si ce que l’on fait est bon et convient à son enfant. Toute une réflexion.”

Samuel Walheer

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