Un Mémorandum en faveur des droits des enfants en Belgique et partout dans le monde

4 avril 2024

En vue des prochaines élections fédérales, régionales et européennes du 9 juin, un Mémorandum a été publié sur le site d’UNICEF Belgique, développé en collaboration avec une cinquantaine d’organisations de défense des droits de l’enfant. Ce dernier s’intitule “Prendre le parti des enfants en Belgique et dans le monde” et délivre des recommandations à l’attention des différents partis politiques belges. Recommandations qui se basent sur la protection des droits de l’enfant, encore trop souvent mise à mal, et qu’il semble pourtant essentiel de placer au cœur des priorités. Parmi les sujets abordés, il y a la pauvreté, la petite enfance, la violence, la santé, l’aide à la jeunesse ou encore la solidarité internationale.


“Nous avons besoin de nouveaux élus qui protègent et promeuvent les droits de chaque enfant, en Belgique et partout dans le monde. Alors que nous allons célébrer le 35e anniversaire de la Convention relative aux droits de l’enfant, il est du devoir des responsables politiques de protéger les enfants et leurs familles par des réponses d’urgence et de court terme, mais aussi par la mise en œuvre de solutions structurelles et d’avenir.” peut-on lire dans Mémorandum (téléchargeable autant par les citoyens francophones que néerlandophones).

{Communiqué de presse intitulé « Prendre le parti des enfants en Belgique et dans le monde. Mémorandum des acteurs des droits de l’enfant pour les élections de juin 2024 », CODE, KIRECO, UNICEF Belgique}

Un mémorandum pour plus de droits !

Le traité international connu sous le nom de Convention internationale des droits de l’enfant (CIDE), ou Convention relative aux droits de l’enfant, a été adopté par l’Assemblée générale des Nations unies le 20 novembre 1989. Ce traité énonce les droits essentiels des enfants et est actuellement ratifié par 197 États. La Belgique est l’un des pays les plus riches du monde. Pourtant, les droits d’un trop grand nombre d’enfants y sont menacés, voire bafoués. Les articles de la Convention relative aux droits de l’enfant et les Objectifs de Développement durable constituent le socle de ce mémorandum. Rappelons aussi que les enfants et les jeunes encore mineurs n’ont pas le droit de vote aux élections belges et ne sont donc souvent pas entendus. Ils représentent pourtant plus d’un cinquième de la population belge. Raison pour laquelle il est essentiel d’écouter leurs voix. Dans un esprit de synthèse et de clarté, chacune des fiches thématiques de ce document concerne plus d’un droit de l’enfant.

L’effet boule de neige

Pour un enfant, la pauvreté c’est le début d’une course aux nombreux obstacles. La pauvreté touche tous les pans de sa vie: son accès à l’éducation, aux soins de santé, aux loisirs, aux services d’accueil de la petite enfance, à la culture, … Tous ces maillons des droits des enfants qui semblent parfois « rouillés » à l’épreuve de la pauvreté. Près de 500.000 enfants dans le pays sont confrontés à des risques élevés et persistants de pauvreté, voire d’exclusion sociale. Trop d’enfants en Belgique sont également victimes de problèmes de santé mentale et d’inégalités en termes d’accès aux services d’accueil de la petite enfance et d’éducation.Les différentes crises successives n’ont fait qu’accentuer ces tendances, en frappant les enfants les plus vulnérables, malgré les dispositifs d’aide qui ont été mis en place. Parmi les questions cruciales actuelles (pour les enfants en Belgique et partout dans le monde), qui représentent les principaux points d’attention du Mémorandum, en voici quelques-unes :

Petite enfance

Les 1.000 premiers jours de vie sont déterminants dans la vie d’un enfant. Un accueil de la petite enfance de qualité est donc fondamental. Pour son intégration sociale et son développement personnel d’une part, mais aussi parce que les services d’accueil des plus petits jouent un rôle essentiel dans la période de bouleversement vécue par les parents. En Belgique, à peine plus d’1 enfant sur 3 (de 0 à 2 ans) en risque de pauvreté et d’exclusion sociale fréquente un milieu d’accueil. Dans ce domaine, notre pays pourrait mieux faire. C’est notamment le cas en matière de financement : des chiffres comparatifs montrent que les pouvoirs publics dépensent en moyenne 2.000 euros par enfant âgé de 0 à 2 ans. Cela représente entre un tiers et un quart des dépenses effectuées pour la même tranche d’âge aux Pays-Bas, en Allemagne ou en France. Le « congé de naissance » en Belgique est très apprécié des jeunes parents. Malheureusement il se situe en dessous de la moyenne des pays riches avec, en Belgique, 15 semaines pour les mères et 20 jours pour les pères et coparents, contre 36 semaines en moyenne dans les pays de l’OCDE.

Violence

Les enfants et les jeunes ont le droit d’être protégés contre toutes les formes de violence. Ce droit, qui devrait être inscrit dans le marbre, comme un rappel permanent de la responsabilité des adultes, n’est pourtant pas pleinement respecté. Les violences à l’encontre des enfants sont loin d’être éradiquées et peuvent prendre plusieurs formes : physiques, psychologiques ou sexuelles. Les enfants sont aussi victimes de négligences, de la part des adultes, de leur propre famille ou des institutions. À chaque fois, ces violences sont inacceptables et portent atteinte aux droits des enfants. Certaines violences peuvent toucher tous les enfants, comme, par exemple, à l’école où le quotidien des enfants est souvent marqué par le harcèlement. Et puis, il existe aussi les violences dites « éducatives », considérées parfois comme « ordinaires ». La violence dite éducative ordinaire (VdEO) est une violence physique, psychologique et/ou verbale employée dans un but prétendument éducatif.

Santé

Des études menées depuis de nombreuses années rappellent les grandes inégalités en matière de santé en Belgique et l’importance de renforcer la médecine préventive. Des recherches démontrent également que les enfants vivant dans les quartiers à indice socio-économique faible sont les plus exposés aux risques d’hospitalisation, d’admission dans des établissements psychiatriques et au recours aux soins d’urgence. Autre facteur déterminant sur la santé des enfants en Belgique: la pollution de l’air. Celle-ci est responsable de plus de 1200 décès prématurés par an chez les personnes de moins de 18 ans en Europe. Face à la maladie, il est nécessaire de fournir des soins adaptés aux enfants. La Belgique compte huit ministres compétents en matière de santé pour offrir un véritable accès à des soins de santé gratuits, inclusifs et de qualité à tous les enfants et les adolescents, y compris les plus exclus. Ces efforts doivent aussi porter sur la prévention.

Solidarité internationale

Ces dernières années ont été incroyablement difficiles pour les populations du monde entier. Les crises majeures auxquelles le monde a été ou est confronté frappent les enfants de plein fouet, aggravant les conséquences déjà graves de la pauvreté chez les enfants et les familles qui vivent dans des pays où les filets de protection sociale sont insuffisants ou inexistants. Et ils sont nombreux. En 2020, plus de 70 millions de personnes ont basculé dans l’extrême pauvreté, portant leur nombre total à 700 millions. Ce sont d’ailleurs les plus jeunes qui éprouvent en premier lieu les chocs économiques et sociaux du monde. Les enfants risquent deux fois plus que les adultes de vivre dans l’extrême pauvreté. À la pauvreté financière s’ajoutent la pauvreté multidimensionnelle avec un milliard d’enfants qui vivent sans accès à l’éducation, à la santé, au logement ou à l’eau. Ce chiffre a augmenté de 15% avec la pandémie. L’accès à l’éducation est un des leviers majeurs pour sortir les enfants de la pauvreté. Malgré des progrès, on compte toujours 244 millions d’enfants non-scolarisés dans le monde, mais surtout en Afrique subsaharienne, où 98 millions d’enfants voient chaque jour leur droit à l’éducation bafoué.

 

→ Pour télécharger le Mémorandum : c’est par ici