En Belgique comme ailleurs, la couverture vaccinale des enfants contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR) inquiète les autorités de santé. Malgré la gratuité du vaccin et les efforts des institutions, seulement 82 % des enfants belges reçoivent aujourd’hui la deuxième dose du vaccin ROR – loin du seuil des 95 % nécessaire pour garantir une immunité collective. Une conséquence de la désinformation ?
Les chiffres sont alarmants, d’autant plus que l’Europe connaît une recrudescence sans précédent des maladies évitables : plus de 125 000 cas de rougeole ont été recensés en 2024, accompagnés de près de 300 000 cas de coqueluche. Cette situation est le fruit d’un cocktail dangereux mêlant désinformation, baisse de confiance dans les institutions médicales et difficultés d’accès à la vaccination.
Une désinformation préoccupante
Le récent décès d’un enfant de la rougeole à Liverpool a tragiquement relancé le débat. Selon un article de l’agence de presse AFP, « les réseaux sociaux ont été envahis de théories conspirationnistes, relayées par des influenceurs anti-vaccins. Certains n’hésitent pas à affirmer, sans preuve, que la rougeole n’est pas dangereuse ou que les vaccins provoquent l’autisme – une idée fausse née d’une étude discréditée datant de 1998. Au Royaume-Uni, comme aux États-Unis, ces discours trouvent un écho jusque dans les sphères politiques les plus hautes. » En résulte une méfiance croissante des jeunes parents, parfois exposés à cette désinformation dès la naissance de leur enfant. L’Organisation mondiale de la santé tire la sonnette d’alarme : la désinformation met en péril des décennies de progrès en santé publique.
En Belgique, des solutions existent, mais doivent s’intensifier
Face à ce constat, les autorités de la Fédération Wallonie-Bruxelles multiplient les initiatives. La ministre de l’Enfance, Valérie Lescrenier, plaide – au sein d’un communiqué – « pour une meilleure mobilisation des médecins généralistes, dont beaucoup n’utilisent pas encore le vaccin gratuit mis à leur disposition ». Elle insiste aussi sur le rôle clé des infirmières des équipes de Promotion de la Santé à l’École (PSE), ainsi que des partenaires enfants-parents (PEP’s) à la maternité. Une meilleure information dès la naissance pourrait pourtant faire la différence : lors de la sortie de l’hôpital, les parents devraient être systématiquement sensibilisés à l’importance des deux doses du vaccin. Car si la première dose (administrée à 12 mois) est plutôt bien suivie, la deuxième – donnée à l’âge scolaire – est souvent négligée. Or, les deux sont nécessaires pour une protection efficace.
→ Le site www.vaccination-info.be centralise toutes les données utiles pour les familles.
→ Une extension de ce site, uniquement dédiée aux professionnel.le.s de santé vient aussi de voir le jour.
Un enjeu collectif en vue de la rentrée
Comme le souligne la députée Sophie Fafchamps, dans le même communiqué, « la vaccination ne protège pas seulement l’enfant vacciné, elle protège aussi les autres, en particulier les plus fragiles ». Alors que les retours de vacances risquent d’amener de nouveaux cas sur le territoire belge, l’heure est à la mobilisation collective.