Alors que les enfants s’imposaient d’eux-mêmes dans la vie des couples et des femmes jusque dans les années 60’, ils résultent aujourd’hui le plus souvent d’un choix. La norme est désormais celle de l’enfant programmé. Mais alors, quels sont les enjeux ou les freins du désir d’enfant chez les couples et comment les appréhender ?
- Difficultés relationnelles et désir d’enfant au sein du couple
- Intervention d’un.e thérapeute, conseiller.ère conjugal.e
- Obstacles biologiques et procréation médicalement assistée
- Les retombées de l’infertilité sur le fonctionnement relationnel et sexuel des couples
- Le désir d’enfant dans le couple homosexuel
Difficultés relationnelles et désir d’enfant au sein du couple
L’engagement dans la parentalité se joue dans le fait de « garder l’enfant », c’est-à-dire de mener la grossesse à son terme. Devenir parent est aujourd’hui un choix. Le désir d’enfant se confronte à la situation amoureuse du couple, à son statut socio-professionnel et financier, aux normes et expériences de vies propres à chacun. Des aléas dans la vie sentimentale du couple ou une situation précaire peuvent freiner le désir de faire un enfant. De même, la réalisation de la carrière professionnelle ou l’envie de voyager peuvent faire de l’ombre à ce projet. En revanche, le fait de prendre de l’âge, surtout chez les femmes est un accélérateur du désir de faire un enfant. En outre, un décalage peut parfois survenir au sein du couple et représenter une menace potentielle pour la relation lorsque, par exemple, un partenaire veut un enfant et l’autre pas. Face à la légitimité des deux demandes, il peut être bénéfique de consulter un.e psychologue, un.e professionnel.le conseiller.ère conjugale pour entamer une thérapie de couple ou familiale si l’un des partenaires a déjà des enfants par exemple.
Intervention d’un.e thérapeute, conseiller.ère conjugal.e
Le thérapeute pourra aider à clarifier les contours des prises de position de chaque partenaire et s’assurer que l’un et l’autre entend et comprend cette position. Il est important que chaque personne soit maître de sa décision. Le psychologue est là pour aider le couple à mettre des mots sur les sentiments et les émotions, à comprendre ce qui se joue pour l’un et l’autre. La thérapie peut aider à élargir le champ des possibles, afin de redéfinir les responsabilités et sortir de l’impasse. Les couples peuvent également faire appel à un.e conseiller.ère conjugal.e et familial.e ; il écoute les demandes et les plaintes des partenaires dans un cadre confidentiel et peut dans certains cas réaliser un travail approfondi de type psychothérapeutique. Alors que le.la psychologue peut être mobilisé.e quel qu’en soit le motif, le.la conseiller.ère conjugal.e intervient en période de tension et tentera d’en éclairer les causes.
Obstacles biologiques et procréation médicalement assistée
Les obstacles liés à la stérilité, l’hypofertilité, la pathologie (hépatite B et C, VIH-Sida) ou à l’âge sont souvent très difficiles à gérer pour les couples. Aujourd’hui de nouvelles possibilités sont accessibles grâce à l’assistance médicale à la procréation (PMA). Mais, le revers de celles-ci est qu’elle entraîne les couples dans une spirale d’offres qui peut les emmener à de multiples attentes et démarches. Les couples se lancent le plus souvent dans de longs délais de prise en charge médicale, mais aussi l’attente pleine d’espoir de la grossesse naturelle… Les examens en eux-mêmes peuvent aussi être la source d’une déstabilisation du couple : surveillance presque systématique de la courbe ménothermique (courbe des variations de la progestérone) pour les femmes, test post-coïtal, spermogramme pour les hommes, examens invasifs douloureux ou encore la cœlioscopie, souvent source d’angoisse. Les difficultés de ce parcours de procréation engendrent des troubles de nature psychologique reconnus par les professionnels. Certaines causes d’infertilité peuvent être, en outre, liées à une dimension psychologique, qui n’est que rarement évoquée. Pour toutes ces raisons il peut être prudent, voire nécessaire de bénéficier d’un suivi psychologique, durant et après ce parcours, heureux ou malheureux, mais en tous les cas, éprouvant.
Les retombées de l’infertilité sur le fonctionnement relationnel et sexuel des couples
Avant même que le diagnostic d’infertilité soit tombé, beaucoup de couples vivent une période difficile mêlant doutes et appauvrissement de leur vie sexuelle. En effet, le couple qui doute de sa fertilité cherche à procréer et peut voir la fréquence de ses rapports sexuels déstabilisée. Lorsque l’un des deux partenaires veut augmenter la fréquence des rapports sexuels afin de procréer ou les limiter aux périodes d’ovulation, des effets délétères dus au manque de spontanéité peuvent peser sur la relation conjugale. Un émoussement du désir peut se faire ressentir et entraîner un cercle vicieux qui influe sur la santé psychologique du couple. Les rapports peuvent alors être ressentis comme des échecs à répétition, affectant la perception que chacun a de son propre corps. Il est donc recommandé, lorsque qu’un couple infertile ou hypofertile se retrouve dans ces situations, de consulter des spécialistes, sexologues et psychologues afin de les accompagner dans cette période difficile.
Le désir d’enfant dans le couple homosexuel
Le fait de vouloir un enfant dans le couple homosexuel est une démarche plus consciente et plus conséquente, alors que la grossesse peut ne pas être aussi réfléchie chez les couples hétérosexuels. L’homoparentalité est, certes, aujourd’hui, une alternative réalisable pour les couples gays et lesbiens mais les possibilités divergent en fonction des sexes. En effet, ces derniers ne sont pas égaux dans le fait de devenir parents. Alors que les femmes sont libres de procréer ou d’avorter et que le fait d’accoucher leur octroie naturellement le statut de mère, un homme doit quant à lui déclarer sa volonté d’être père pour le devenir.
En Belgique la procréation médicalement assistée est autorisée pour les couples lesbiens et les lesbiennes peuvent également demander à un ami de les aider à avoir un enfant, sans qu’il ne s’investisse dans la vie de l’enfant. Outre l’adoption, qui relève du parcours du combattant pour les couples homosexuels, un autre choix leur est accessible pour réaliser leur désir d’enfant : la coparentalité homosexuelle ou homoparentalité. Le principe, c’est qu’une femme lesbienne (généralement en couple) décide de faire un enfant avec un homme gay (en couple également). L’enfant qui naît est alors à la fois celui du couple lesbien et celui du couple gay ; un bébé pour quatre parents. Les couples gays font souvent ce choix pour diverses raisons : la nécessité de la présence d’une mère, d’une descendance biologique et l’idée que partager la charge et les exigences parentales avec un couple de femmes pourrait préserver le couple.