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Crèches : les salaires des puéricultrices du secteur privé revus à la hausse

Ce n’est pas une nouveauté, un bon nombre de puéricultrices du secteur public comme privé sont insatisfaites de leurs conditions de travail. Et pour preuve, en fin d’année 2023, elles se sont rassemblées dans les rues de Bruxelles pour une manifestation nationale. Depuis lors, à l’initiative de la Ministre de l’Enfance Bénédicte Linard, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a adopté un arrêté dans le but d’une revalorisation salariale.

Ainsi, le salaire brut des puéricultrices du secteur privé subventionné augmentera de près de 1.000 euros bruts par an dès 2024 et les fins de carrière dans les crèches communales seront mieux accompagnées.

{Communiqué de presse de la Fédération Wallonie-Bruxelles}

« Les puéricultrices exercent un métier essentiel qui doit être revalorisé dans notre société. Chaque enfant qui passe par leurs bras a plus de chances pour sa vie future. Grâce à la nouvelle
enveloppe de six millions d’euros dégagée lors du conclave budgétaire, j’ai souhaité revoir à la hausse le barème des puéricultrices, améliorer leurs conditions de travail et lutter contre les disparités salariales entre celles qui travaillent dans le secteur public et les plus de 3.000 puéricultrices qui travaillent dans des crèches privées associatives alors qu’elles exercent la
même fonction », annonce la Ministre de l’Enfance Bénédicte Linard.

Gommer les disparités

Lors de la préparation du budget 2024, le Gouvernement s’était en effet accordé sur une enveloppe de six millions d’euros destinée aux puéricultrices du secteur de l’enfance.
Le cabinet de la Ministre de l’Enfance a mené, ces dernières semaines, une concertation avec les organisations syndicales et patronales afin d’aboutir au protocole d’accord soumis jeudi au
Gouvernement pour approbation. Ce protocole vise, notamment, à répondre aux revendications légitimes portées par le secteur de l’enfance.Contrairement aux précédents accords sociaux, la Ministre de l’Enfance a proposé une approche ciblée afin de soutenir directement les puéricultrices et, plus spécifiquement, afin de lutter contre les disparités salariales entre les barèmes du secteur public et les barèmes appliqués dans les crèches privées subventionnées, les crèches « associatives » (commission paritaire 332) qui représentent 37% des emplois dans le secteur et un volume de places important au service des enfants et des familles. Dès le 1er janvier 2024, le salaire des puéricultrices du secteur associatif verront donc leur salaire augmenter.
Concrètement, cela représente une revalorisation salariale de 985 euros bruts par an dès 2024 pour les 3.191 puéricultrices du secteur privé subventionné. Ce mouvement d’harmonisation des salaires visant à mieux valoriser les puéricultrices et éviter les concurrences entre les différents secteurs se poursuivra.

Mieux valoriser les puéricultrices

Le barème salarial du personnel d’accueil des milieux d’accueil de la petite enfance sera ainsi progressivement revalorisé de manière à permettre la rémunération de l’ensemble de ce personnel dans des conditions équivalentes à celles du secteur public.« Sous cette législature, le salaire brut des puéricultrices aura connu ses plus fortes augmentations. Ce travail n’est bien sûr pas terminé, nous devons continuer à œuvrer pour renforcer l’attractivité de ce métier, lutter contre les pénuries et permettre ainsi à toujours plus d’enfants de bénéficier d’une place d’accueil de qualité », souligne Bénédicte Linard. Par ailleurs, afin de soutenir également les puéricultrices du secteur public, qui ne sont pas concernées par ce rattrapage barémique, car elles bénéficient déjà de barèmes plus élevés, une enveloppe de 1,2 million d’euros est prévue afin de mettre en place un plan visant à accompagner les fins de carrière des puéricultrices qui travaillent dans les crèches communales. Un dispositif sera mis en place afin de permettre une réduction du temps de travail sans perte de salaire pour les puéricultrices en fin de carrière, tout en aidant les crèches communales à recruter des puéricultrices supplémentaires en compensation.

Des mesures aussi bénéfiques pour les familles

Ces nouvelles mesures s’ajoutent au refinancement massif du secteur de l’enfance (+ de 100 millions d’euros) lancé sous cette législature, permettant d’une part de soutenir le personnel d’accueil et les puéricultrices, et d’autre part d’agir au bénéfice des enfants et des familles en créant davantage de places d’accueil et en diminuant le prix des crèches. Elles prolongent également les mesures découlant des accords sociaux précédemment conclus avec le secteur de l’enfance sous cette législature (octroi de jours de congés supplémentaires dès 2021, revalorisation salariale dans le cadre de l’accord non-marchand dès juillet 2023). Le salaire des puéricultrices progressera à nouveau en 2025, année pour laquelle le Gouvernement a provisionné un nouveau montant de 3,2 millions à cette fin. La négociation relative à ces moyens débutera au début de l’année 2024.

Flash-back sur les actualités marquantes de 2023 en périnatalité

L’équipe de Born in Brussels vous souhaite d’ores et déjà de belles fêtes de fin d’année ! Et puisque celle-ci touche à sa fin, pourquoi ne pas la terminer en beauté ? L’idée de réaliser un bilan pour mettre en avant les grands sujets abordés en 2023 nous a paru évidente. L’actualité autour de la grossesse, la naissance et la petite enfance étant notre terrain de prédilection, nous voulions, dans ce dernier article de l’année, jeter un dernier coup d’œil en arrière avant d’entamer 2024.


Pour rappel, Born in Brussels traite des sujets d’actualité autour de la périnatalité : aspects médicaux, psychologiques, pratiques, administratifs ou encore juridiques simplifiés. Selon les thématiques abordées, les liens vers les organismes ou les acteurs sont toujours référencés afin d’apporter des informations pluridisciplinaires. Par ailleurs, en tant que site à destination des (futurs) parents, Born in Brussels édite chaque mois une newsletter appelée Bib News. En cette fin d’année, notre équipe a décidé de repartager 12 de ses articles phares ; un pour chaque mois de l’année, qui ont marqués l’actualité en 2023.

Janvier 2023 : Quoi de neuf en 2023 pour les familles avec enfants en bas âge ?

2023 est sur les rails depuis bientôt 10 jours. L’occasion de faire le point sur ce qui a changé cette année pour les parents d’enfants en bas âge. Deux changements majeurs sont à souligner : le rallongement du congé de paternité / de co-parentalité et la diminution, dans certains cas, du prix des crèches à Bruxelles et en Wallonie.

→ Quoi de neuf en 2023 pour les familles avec enfants en bas âge ?

Février 2023 : Born in Brussels, un dispositif désormais inclus au sein de l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles

Vous ne le saviez peut-être pas, mais Born in Brussels, dispositif lancé en septembre 2022, faisait partie du Centre de Documentation et Coordination asbl (CDCS-CMDC asbl). Depuis le 1er février 2023, après deux ans de processus, Born in Brussels appartient désormais à l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale.

→ Born in Brussels, un dispositif désormais inclus au sein de l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles

Mars 2023 : Coup d’œil sur la mini-série documentaire Post-Partum

Le 16 mars dernier eut lieu une projection exceptionnelle de la mini série française “Post Partum” au cinéma Aventure à Bruxelles. Ce fut l’occasion, pour la petite équipe de Born in Brussels, de rencontrer un très grand nombre de professionnel.le.s du secteur périnatal et d’en connaître davantage sur leurs activités respectives.

→ Coup d’œil sur la mini-série documentaire Post-Partum (bornin.brussels)

Avril 2023 : Les enfants trop exposés aux écrans, avertit une enquête française

Le temps passé par les enfants devant les écrans a été mesuré en France. Sans trop de surprise, il a augmenté et dépasse les recommandations des spécialistes. Cette étude s’est déroulée sur deux années et a été menée auprès de 17.101 familles. Elle montre des disparités selon l’origine géographique des familles, leur histoire, le niveau d’étude de la mère ou le sexe de l’enfant.

→ Les enfants trop exposés aux écrans, avertit une enquête française – Born in Brussels

Mai 2023 : Naissances prématurées : l’OMS et Unicef tirent la sonnette d’alarme sur cette “urgence silencieuse”

Quelque 152 millions de bébés sont nés avant terme au cours de la dernière décennie, selon un rapport de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) publié le mercredi 10 mai 2023. Sur dix bébés nés, un est prématuré – et toutes les 40 secondes, un de ces bébés meurt. À noter également que les impacts des conflits, du changement climatique et du Covid-19 augmentent les risques pour les femmes et les bébés partout dans le monde.

→ Naissances prématurées : l’OMS et Unicef tirent la sonnette d’alarme sur cette « urgence silencieuse » (bornin.brussels)

Juin 2023 : Aide aux jeunes parents en difficulté : “Le petit vélo jaune” récompensé !

“Le petit vélo jaune” vient d’être désigné Coup de Cœur 2023 par le Fonds Impact Together by BNP Paribas Fortis, géré par la Fondation Roi Baudouin. Précédemment, l’association d’aide aux familles et parents isolés en difficulté avait déjà reçu à deux reprises le Prix fédéral de lutte contre la pauvreté pour Bruxelles.

→ Aide aux jeunes parents en difficulté : « Le petit vélo jaune » récompensé ! (bornin.brussels)

Juillet 2023 : Plan Cigogne : encore plus de places en crèches grâce à 22 projets soutenus

575 nouvelles places pour la petite enfance vont être créées en Région bruxelloise ! Elles viennent s’ajouter aux 773 places déjà débloquées suite au Plan Cigogne lancé en 2022 par Bénédicte Linard, ministre de l’Enfance en Fédération Wallonie-Bruxelles. Au total à Bruxelles, ce ne sont pas moins de 2.100 places supplémentaires qui seront mises à disposition des nouveaux parents à la clôture de ce Plan dont le volet bruxellois est géré par Rudi Vervoort, Ministre-Président bruxellois, en charge de la petite enfance à la COCOF.

→ Plan Cigogne : encore plus de places en crèches grâce à 22 projets soutenus (bornin.brussels)

Août 2023 : Monoparentalité : la Maison des Parents Solos – Eenoudergezinnen Thuis met l’accent sur ce sujet sociétal

Dans le cadre de la 38e parution du “PAUVéRITé, Forum-Bruxelles contre les inégalités”, Kadija Bouchirab et Clémence Garcia, travailleuses au sein de la Maison des parents Solos, abordent les enjeux de l’accompagnement des familles monoparentales à Bruxelles.

→ Monoparentalité : la Maison des Parents Solos – Eenoudergezinnen Thuis met l’accent sur ce sujet sociétal (bornin.brussels)

Septembre 2023 : Devenir papa : aborder le sujet avec humour et légèreté

L’humour et la légèreté, c’est le ton employé par le youtubeur Ben Névert dans sa dernière vidéo sur sa nouvelle paternité. Sans filtres et remplie de sincérité, elle aborde des questions, posées au préalable par ses abonnés, liées à l’accouchement, la nouvelle vie de papa ou encore les relations au sein du couple.

→ Devenir papa : aborder le sujet avec humour et légèreté (bornin.brussels)

Octobre 2023 : “Précarité : la défaite des mères”, Born in Brussels a participé au débat

Fin septembre, la coordinatrice de Born in Brussels, Emmanuelle Vanbesien, a été conviée à participer à un débat animé par Alter Échos. La thématique abordée, déjà développée au sein d’un dossier écrit paru quelques semaines plus tôt, porte sur la question de la précarité dans le cadre de la maternité.

→ « Précarité : la défaite des mères », Born in Brussels a participé au débat

Novembre 2023 : Oui, les enfants ont des droits dès la naissance ; parlons-en !

Le 20 novembre, c’est la journée mondiale des droits de l’enfant ! L’occasion de les énumérer et de faire le point sur toute une série de nouveautés en la matière en Belgique : l’élection d’un nouveau délégué aux droits de l’enfant, un portail web flambant neuf, une série d’événements organisés… Car oui, l’enfant a des droits dès sa naissance et il faut en parler le plus possible.

→ Oui, les enfants ont des droits dès la naissance ; parlons-en ! (bornin.brussels)

Décembre 2023 : “La peur au ventre” : puissant témoignage sur la prématurité

“La peur au ventre”, paru en novembre 2023 aux éditions Kennes, est avant tout le témoignage d’une maman, Caroline Fontenoy, à propos de son expérience douloureuse de la prématurité. Mais c’est aussi un cri d’espoir pour tous les parents amenés à vivre cela un jour : “J’en suis la preuve vivante, parfois, on peut faire mentir les pronostics !” Et puis ce livre, c’est aussi une recherche approfondie et journalistique sur ce sujet encore trop souvent tabou.

→ « La peur au ventre » : puissant témoignage sur la prématurité (bornin.brussels)

Augmentation alarmante du nombre d’enfants pauvres en Flandre, les experts tirent la sonnette d’alarme !

L’agence de santé infantile en Région flamande, Opgroeien, vient de diffuser des chiffres inquiétants sur la pauvreté infantile. Publiés par De Morgen, ces chiffres indiquent que pas loin de 25.000 bébés et enfants âgés de moins de trois ans sont en situation de pauvreté en Flandre. Ce chiffre aurait plus que doublé en l’espace de vingt ans. Les experts dénoncent d’ailleurs une « évolution alarmante » au vu des chiffres en constante augmentation. Pire encore, cela aurait des conséquences néfastes sur le développement global des tout-petits.

Pour rappel, d’après le rapport du bureau mondial de recherche et de la prospective Innocenti de l’Unicef, la pauvreté infantile liée aux revenus était, entre 2019 et 2021, de 14,9%. Bien que la Flandre ait un taux de 7,3%, inférieur à celui de Bruxelles et de la Wallonie, ce dernier augmente tout de même chaque année. Le revenu des familles a une influence inéluctable sur leur mode de vie ainsi que sur leur milieu de vie. Pour Benjamin Dalle, ministre Flamand de la lutte contre la pauvreté, interviewé par le journal Rtbf, cela ne fait aucun doute : « Les chiffres indiquent que beaucoup d’enfants grandissent dans un environnement moins privilégié, des efforts politiques sont nécessaires et chaque personne sans-abri ou mal logée est une personne de trop, mais l’impact est encore plus néfaste pour les jeunes et les enfants« .

Une pauvreté ascendante en Flandre

Une famille est considérée comme pauvre si cette dernière vit sous le seuil de pauvreté. En 2021, ce dernier était fixé à 1.366€ pour une personne seule. Concernant un ménage de deux adultes et deux enfants, celui-ci est tablé à 2.868 euros par mois. D’après « Opgroeien » (agence flamande pour la croissance), pour considérer qu’un enfant soit à risque d’une situation de pauvreté, il faut observer ses conditions de vie. Celles-ci sont évaluées selon six indicateurs : le revenu mensuel disponible, la situation scolaire et professionnelle des parents, le niveau de stimulation, le logement et la santé. Après la naissance d’un enfant, les équipes de Kind & Gezin visitent la plupart des nouveaux parents et d’après leurs rapports, il y a lieu de déterminer si l’enfant obtient, sur base des critères, un résultat insuffisant pour évaluer son état de pauvreté. Concernant la Flandre, un enfant sur dix est en situation de pauvreté. Selon les chiffres d’Opgroeien récoltés par le journal De Morgen, 24.830 bébés, tout-petits et enfants âgés de maximum trois ans grandissent dans la pauvreté en Flandre. Cela représente un pourcentage de 12,6 % de tous les enfants de cet âge.

« Nous devons essayer de nous attaquer à ce problème à différents niveaux. »

« La pauvreté a un impact sur de nombreux autres droits tels que la santé, l’éducation ou les loisirs, explique Caroline Vrijens, Commissaire aux droits de l’enfant, pour le journal De Zondag. Dans les cas les plus difficiles, on remarque qu’il y a souvent un problème de pauvreté. Nous devons essayer de nous attaquer à ce problème à différents niveaux. Les gens doivent avoir des ressources financières suffisantes pour joindre les deux bouts et être en mesure de bien s’occuper de leurs enfants dans un foyer où il fait bon vivre. » La situation de pauvreté infante dans laquelle se retrouvent certains enfants est décrite par Solayman Laqdim, Délégué général aux droits de l’enfant et interviewé par la Rtbf, de la manière suivante : « On parle beaucoup de la pauvreté infantile et j’insiste beaucoup là-dessus, c’est un concept qui est indissociable de la pauvreté des parents… parce qu’il n’y a pas d’enfants pauvres, il y a des enfants qui vivent dans des familles pauvres. Sur le long terme, la pauvreté peut avoir des conséquences sur différents domaines : développement, scolarité, santé physique et mentale, avenir professionnel ou encore espérance de vie. »

Un indicateur pour mesurer la déprivation spécifique des enfants

« Par ailleurs, le 18 octobre dernier, la Fondation Roi Baudouin partageait dans un communiqué de presse la dernière étude réalisée à sa demande concernant la pauvreté des enfants et, plus particulièrement ce qu’on appelle plus communément la déprivation, continue le Délégué général aux droits de l’enfant. Depuis 2018, les États membres de l’UE utilisent un indicateur complémentaire aux revenus des parents pour mesurer la pauvreté des enfants : la déprivation spécifique des enfants. Cet indicateur mesure les difficultés quotidiennes des enfants, qui peuvent être différentes de celles de leurs parents. »

→ Pour lire l’article lié à cette étude – Pauvreté des enfants : la Fondation Roi Baudouin présente de nouveaux angles d’analyse

Comment changer la donne ?

En juillet dernier, le gouvernement flamand libérait une enveloppe de 7 millions d’euros dans cette lutte contre la pauvreté infantile. L’objectif principal était de renforcer la coopération locale dans la lutte contre cette problématique ascendante. Tout récemment, un appel à projet a été lancé à partir du 1er décembre 2023 jusqu’au 30 novembre 2025 afin de mettre en place des réseaux de partenaires locaux. À cet égard, Benjamin Dalle, ministre (CD&V) de la Jeunesse félicite la démarche, mais se veut modérateur en expliquant au journal RTL : « Aujourd’hui, plusieurs organismes et organisations prennent de bonnes initiatives au niveau local, mais en termes de coopération, il y a encore des progrès à faire. » Le nouveau Délégué général aux droits de l’enfants, Solayman Laqdim, quant à lui, explique à la Rtbf : « Pour changer la donne, il faut agir sur les institutions et sur l’environnement social des enfants. Pour agir, il faut avoir une réflexion globale sur l’ensemble des compétences qui dépassent largement les matières personnalisables de la Communauté française. »

Les acteurs du changement

Voici quelques organismes actifs dans cette lutte contre la pauvreté infantile en Belgique. Seront-ils les véritables acteurs du changement ?

Texte : Samuel Walheer

L’épigénétique : comment expliquer la transmission des traumatismes intergénérationnels ?

Un traumatisme vécu par un père ou une mère peut-il être transmis à son enfant ? C’est un sujet qui questionne et qui concerne de nombreux (futurs) parents, mais aussi les jeunes adultes en devenir. Selon les scientifiques, les traumas peuvent effectivement se transmettre au travers les gênes sans pour autant que cela soit systématique. À cet éventuel héritage génétique, d’ordre biologique, vient s’ajouter une nouvelle dimension que l’on appelle l’épigénétique.


Dans le ventre d’une maman, un fœtus dispose des gènes provenant de ses deux parents. Au sein de ces gènes, aussi étrange que cela puisse paraître, sont imprimés les traumas vécus par un ou l’autre parent et peuvent être potentiellement transmis d’une génération à l’autre, voire même passer plusieurs générations. En effet, certains événements impactent considérablement notre psychisme et influencent aussi ce que les experts appellent la lecture de nos gènes. Ces derniers ne sont donc pas figés mais plutôt enclin à évoluer durant notre existence. Mais comment expliquer qu’un enfant puisse souffrir des conséquences d’un trauma qu’il n’a pas lui même vécu ?

L’épigénétique, c’est quoi ?

Composé de 46 chromosomes et comptant environ vingt cinq mille gènes, notre patrimoine génétique est, malgré ce que l’on peut croire, mouvant et influençable. Comme le précise Jonathan Weitzman, Professeur de génétique à l’Université Paris Cité, lors d’une interview donnée à Radio France : “On pensait être victime de son patrimoine génétique, mais l’épigénétique vient apporter de l’optimisme, car rien n’est figé. Deux jumeaux ont le même génome, mais pas les mêmes réussites, pas les mêmes succès ou les mêmes échecs. L’épigénétique vient avec une lecture fine et potentiellement réversible, ça intéresse énormément les biologistes, de savoir que les identités ne sont pas figées, mais sont influencées et influençables.” Il y a donc un lien considérable à faire entre la génétique, qui étudie les gènes, et l’épigénétique, qui étudie les modulations de ces gènes.

Soigner ses traumas pour prévenir les risques

Un nouveau-né hérite indéniablement des gènes de ses deux parents. Ces derniers ont, avant de donner naissance, vécu des événements qui ont pu les marquer de manière positive ou négative. Lorsqu’un événement figure comme un trauma, la personne touchée l’emmagasine. Le trauma aura forcément une répercussion, à des degrés différents selon l’individu et peut, par la suite, avoir un impact sur l’épigénétique de sa progéniture. Interviewée par le journal Le Soir, Evelyne Josse, psychologue clinicienne et chargée de cours à l’Université de Lorraine explique son point de vue sur les modifications épigénétiques :« Imaginons que je vive un événement traumatique, que je ne trouve pas l’aide nécessaire dans la foulée et que je reste donc dans la souffrance, il est probable que je subisse des modifications épigénétiques. Et si je deviens un jour mère ou père, il est possible que mon enfant en hérite avec les conséquences sur la santé mentale qui peuvent aller de pair. Attention, c’est juste une possibilité, car évidemment je n’interviens que pour moitié du matériel génétique au moment de la conception de l’enfant. ». À cet égard, les scientifiques précisent donc que les mères comme les pères peuvent participer aux risques liés à la transmission de traumas.

L’impact environnemental, un incontournable

Face à notre patrimoine génétique (ADN), il y a l’environnement dans lequel on évolue qui va inévitablement nous influencer et avoir des conséquences sur nos gènes. Pour se donner un maximum de chance d’éviter de transmettre des gènes perturbateurs ou porteurs de traumas, il semble nécessaire de prendre soin de soi et de sa santé mentale. Plus facile à dire qu’à faire lorsque l’on n’est pas conscient des risques, ni de notre mal-être. “Le problème est que l’on ne peut pas tout maîtriser, surtout du côté de l’environnement. Bien sûr, on peut essayer d’avoir un certain style de vie, comme manger mieux, mais ça dépend aussi de notre niveau social, de notre statut économique et social. Et donc la responsabilité, il me semble, elle est plutôt collective sur cette question épineuse de savoir comment l’environnement peut influencer l’épigénétique et donc la façon dont nos gènes s’expriment”, précise – à Radio France – Francesca Merlin, titulaire d’un doctorat de philosophie et chargée de recherche au CRCN à Paris.

Devenir un parent responsable

Lorsque l’on souhaite avoir un enfant, rien de mieux que de pouvoir accueillir sa progéniture dans les meilleures conditions possibles. Bien sûr, chacun compose avec ses moyens et, s’il est possible d’être soutenu par sa famille ou un entourage proche, cela ne peut être que bénéfique pour son enfant et pour soi-même. Chaque parent fait les choses à sa manière et le plus important semble résider dans le fait de voir son enfant évoluer correctement tout en respectant ses propres limites. Tenter de faire de son mieux, en prenant en compte son environnement, être conscient de son état de santé, adopter de bonnes habitudes de vie, éviter les maladies pour, finalement, réduire les risques d’impact négatif sur ses gènes potentiellement transmissibles. Veiller finalement à soigner les blessures de l’âme et les traumas pour éviter d’éventuelles séquelles épigénétiques sur les générations futures.

 

Texte : Samuel Walheer

« La maternelle, c’est essentiel » : former les professeurs pour améliorer la prise en charge des enfants issus des quartiers précarisés

« La maternelle, c’est essentiel » est un projet visant à soutenir les acteurs de terrain dans leur volonté d’améliorer la prise en charge des enfants provenant de quartiers précarisés et ce, dès l’entrée à l’école maternelle. Pour mettre cette initiative sur pieds, des formations destinées aux professionnels de l’enseignement maternel sont actuellement proposées. 

Ce projet a vu le jour en 2020 grâce au partenariat entre la Fondation Roi Baudouin et la Fédération Wallonie-Bruxelles. Dans la même lignée du Pacte pour un enseignement d’excellence, l’objectif de ce travail collaboratif est de contribuer à la réussite de tous les enfants. 

Améliorer le taux de réussite 

Le projet « la maternelle, c’est essentiel » a pour ambition d’améliorer le taux de réussite dans les écoles maternelles en Fédération Wallonie-Bruxelles. Pour  parvenir à une réussite pour tous, il semble indispensable de prendre en compte les caractéristiques de son public : la diversité, les inégalités ou encore la régularité à l’école sont des critères à ne pas négliger. Comme de nombreuses études le démontrent, une fréquentation régulière dès la maternelle favorise la réussite des élèves. Voilà pourquoi il est proposé aux professionnels du secteur de développer leurs compétences. 

Une formation utile au quotidien 

Il s’agit de quatre dispositifs de formation destinés à soutenir les professionnels de l’enseignement maternel en leur délivrant des outils supplémentaires pour faciliter leur travail du quotidien.
Pour disposer de moyens en adéquation avec les difficultés rencontrées sur le terrain, le projet de formation s’est développé grâce à la contribution de professionnels aux profils variés au sein d’une école maternelle. Cela a permis d’établir les quatre dispositifs suivants : 

  • Objectiver la pauvreté et la précarité des enfants en FWB : une réalité que l’école doit prendre en compte. 
  • Favoriser les transitions familles-école pour assurer un démarrage positif de la scolarité. 
  • Développer le langage oral et initier à la langue de scolarisation pour faire entrer tous les élèves dans les apprentissages. 
  • Lever les malentendus sociocognitifs pour assurer les apprentissages de tous les élèves. 

Pourquoi cibler les maternelles ? 

Il est un fait certain, l’enseignement maternel est un passage indispensable pour l’évolution d’un enfant. Durant cette période de sa vie, il va s’imprégner des codes et du rythme de l’école. Il va également développer certaines capacités comme l’autonomie, la sociabilisation ou encore des compétences cognitives qui lui permettront de bien grandir. Pour ce faire, la transition entre la crèche et l’école maternelle figurent comme un grand changement pour beaucoup d’enfants. Et cela est encore plus difficile pour un enfant qui arrive de l’étranger et, qui plus est, ne parle pas ou très peu le français. 

Malgré leur bonne volonté, les acteurs de l’enseignement maternel rencontrent, sur le terrain, de plus en plus de difficultés  qui freinent leur travail au quotidien. En effet, ils font face à des enfants pour qui la transition entre leur famille et l’école n’est pas toujours évidente en termes d’adaptation, d’acquisition de règles ou d’un nouveau langage. Pour pallier  ce constat et avec l’intention de contribuer aux meilleures conditions et chances de réussite pour les tout-petits, il est proposé aux acteurs de terrains de se former. 

Des webinaires pour y voir plus clair 

Afin de mieux comprendre les enjeux de cette formation ou simplement pour découvrir les thématiques développées, six webinaires auront lieu durant le mois de décembre. Chacun d’entre eux abordera un ou plusieurs concepts, ce qui permettra aux acteurs de terrain de poser un cadre à adapter par la suite en concertation.
Ces webinaires sont destinés aux professsionnels travaillant pour une école maternelle : membre d’un PO, directeur.trice, formateur.trice, conseiller.ière au soutien et à l’accompagnement (CSA), DCO, DZ ou encore instituteur.trice, puériculteur.trice, accueillant.e, agent.e de CPMS, ou encore représentant.e d’une association de parents. 

→ Pour découvrir les webinaires et y prendre part  La maternelle, c’est essentiel – webinaires de sensibilisation | Koning Boudewijnstichting (kbs-frb.be) 

Vidéo de présentation du projet : La maternelle, c’est essentiel – YouTube