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Bruxelles Social : de nouveaux outils en ligne pour faciliter la recherche en social-santé

Le portail bilingue Social.Brussels, site de référence qui répertorie l’offre sociale-santé en Région bruxelloise, permet désormais à tous les Bruxellois de créer leur propre carte sociale et leur guide-répertoire, ainsi que d’avoir accès à tout moment et (encore plus) facilement aux organismes d’aides et de soins de santé.

Forte de ses trente années d’expériences, Bruxelles Social met à disposition un large éventail de données en accès libre et gratuit développé pour faciliter la recherche en social-santé des habitants de Bruxelles. En plus d’une carte interactive, porte d’entrée virtuelle vers les organisations d’aide et services francophones et néerlandophone, de nouvelles fonctionnalités sont dorénavant disponibles sur le portail social-santé.

Quelles sont ces nouvelles fonctionnalités ?

À l’initiative du groupe de travail « Accès aux droits » créé par le cabinet d’Alain Maron (Ministre chargé de l’Action sociale et de la Santé), la création de nouvelles fonctionnalités du portail est également le fruit d’un travail d’acteurs de terrain.

Parmi les nouveautés disponibles via le compte « MY BRUSO » (répertoire personnel en ligne) :

  • La création sur mesure d’une carte sociale locale et/ou thématique.
  • L’élaboration d’un guide social personnalisé permettant la distribution de répertoires à jour.
  • L’impression de la fiche identificatrice d’une organisation ou d’une liste d’organisations.

L’ensemble est pensé pour faciliter un maximum l’orientation d’une personne vers les lieux d’aide et de soins.

→ Des vidéos et manuels ont été créés afin de permettre à chacun de s’approprier facilement les outils disponibles : https://social.brussels/page/a-propos-de-la-carte-sociale.

Accès direct aux secteurs liés à la périnatalité 

Il existe actuellement, sur le site de Bruxelles Social, plus de 630 catégories qui ont été créées afin de décrire et de répertorier l’offre des organisations et services sociaux-santé actifs en région bruxelloise. Ces dernières sont organisées sous forme d’arborescence et elles sont réparties au sein de vingt secteurs d’activités. Parmi ces secteurs, il y a la petite enfance (0-3 ans), l’aide à la monoparentalité, la santé mentale, l’égalité et la diversité, la promotion de la santé ou encore les personnes en situation de handicap.

Que fait concrètement Bruxelles Social ?

Bruxelles Social est un outil virtuel principalement au service des professionnels, réseaux et plateformes, institutions de recherches et mandataires politiques locaux et régionaux des secteurs sociaux-santé en région bruxelloise.

Il propose plus de 4.100 adresses sociales-santé en français et en néerlandais, des fiches informatives, une carte interactive, des outils d’exportation de données, ou encore la possibilité de créer un répertoire personnel. Désormais il est donc possible de réaliser une impression sur mesure de la fiche identificatrice d’une organisation ou d’une liste d’organisations.

Pour accéder au site de Bruxelles Social : Bruxelles Social – Sociaal Brussel

Deuil périnatal : Comment vivre après la mort de son bébé ? Une maman témoigne

Pour des futurs parents, la mort soudaine de leur bébé est un choc innommable. Un traumatisme avec lequel le couple devra vivre et tenter, par la suite, de se reconstruire. Mais comment ? Selon la définition de l’Organisation mondiale de la santé, on parle de deuil périnatal lorsque des parents perdent leur bébé entre la 22e semaine de grossesse et le septième jour après sa naissance. Le témoignage de Samantha, dans l’émission de France 2 « Ça commence aujourd’hui », démontre la complexité de vivre avec la perte de son bébé et les difficultés pour surmonter l’étape de la mort. 

Une multitude d’émotions nous traversent lorsqu’on apprend que l’on va devenir parent. Rien ne nous prépare réellement à donner la vie et encore moins à recevoir la mort. À l’annonce du diagnostic anténatal, les cas de figure divergent. La mort prénatale est généralement accidentelle et peut se présenter au travers d’une fausse couche ou encore d’une mort fœtale in utero (MFIU). Dans le cas de Samantha, la perte de son bébé est survenue alors qu’elle était arrivée au terme de sa grossesse (38 e semaine). 

Collision entre la vie et la mort 

Samantha et Maxime, dont l’histoire a été révélée au sein de l’émission « Ça commence aujourd’hui » de France 2, vivent ensemble depuis 2011. Ils traversent des moments difficiles, mais leur amour est plus fort que tout. Samantha demande alors Maxime en mariage en 2017 et quelques années plus tard, la jeune femme tombe enceinte de son premier bébé. Elle vit sa première grossesse à merveille et attend impatiemment la venue de son petit garçon. « C’était une grossesse parfaite. J’ai même eu la chance d’avoir une échographie tous les mois. Avant mon terme, j’ai effectué une dernière consultation. La sage-femme me dit que j’ai beaucoup de liquide amniotique, mais qu’à part ça tout va bien. Elle ne voit rien d’autre d’étrange et je rentre alors tranquillement chez moi. Le lendemain matin, il y a quelque chose d’étrange, je sens que mon bébé ne bouge plus du tout. Je ne m’en fais pas sur le moment, je me dis que je suis à 38 semaines, on approche de la fin peut être qu’il ne peut plus bouger, qu’il n’a plus beaucoup de place. » 

L’annonce du médecin 

Durant une grossesse, il est conseillé à la future maman d’être accompagnée par un.e gynécologue afin de suivre l’évolution de son bébé in utero. Ce suivi régulier permet de constater, lors des échographies, les éventuelles anomalies autour du fœtus. À la découverte d’une problématique comme une malformation, un risque élevé de fausse couche ou d’une mort instantanée, le médecin doit l’annoncer aux futurs parents. Cette nouvelle vient alors déstabiliser l’équilibre établi par la ou les protagonistes. « Arrivée à l’hôpital, la gynécologue me dit ‘bah dis donc il est caché où ?’ Je lui réponds alors qu’il ne peut pas être caché, je suis à terme. Et sans aucune explication, elle me dit ‘je suis désolée’. Les médecins vont alors chercher Max. À cet instant, il n’est au courant de rien. C’est à moi de lui annoncer la nouvelle. Je lui dis ‘c’est fini’. Et quand je lui dis que c’est terminé, je ne réalise pas. Je ne comprends pas ce qu’il se passe. À partir de là, mon cerveau est en pause. Je me laisse complètement porter à partir de là« , continue Samantha au sein de l’émission.  

Comment vivre avec ce deuil ? 

Suite à l’annonce du médecin, survient alors naturellement différents sentiments pour les parents comme la colère, la honte, la douleur ou encore la culpabilité. Rien ne sera plus comme avant et il va falloir avancer avec ce désespoir. La maman et le papa vont vivre cette interruption brutale à différents niveaux. Car, perdre une partie de soi, parfois même sans pouvoir rencontrer son petit être cher, ou accoucher d’un bébé mort, est sans aucun doute une expérience des plus traumatisantes. 

Individuellement, le travail de deuil pour la femme s’appuiera davantage sur le psychique et la reconstruction du corps. Ce corps qui portera, douloureusement, la trace du passage du bébé. Quant à l’homme, la nécessité de paraître fort et de soutenir sa compagne sera davantage important pour favoriser ce travail de deuil prénatal. 

Ce deuil prénatal peut créer une crise au sein même du couple. Quand certains parents voient leur couple se diriger vers une inévitable rupture, d’autres se fortifient dans cette épreuve douloureuse. C’est le cas de Samantha et Maxime qui, suite à cet événement tragique, ont su ensemble remonter la pente et croire en leur bonne étoile. Samantha déclare :« Pendant les quinze jours qui suivent, on est des robots, on se laisse porter. Malgré cela, quelques mois plus tard, j’apprends que je suis de nouveau enceinte. Cette fois-ci, tout se déroule à merveille. » 

L’importance de l’accompagnement  

Après le choc du deuil, le couple est fragilisé et parfois isolé. Dans ces moments-là, il est nécessaire d’être bien entouré par sa famille ou ses proches. Lorsque l’isolement prend trop de place dans la vie du couple et devient pesant, des groupes de paroles, sur les réseaux sociaux, sont disponibles afin de pouvoir discuter avec des parents ayant vécu le même trauma.

À Bruxelles, il existe des groupes d’entraide pour parents endeuillés, proposés par le biais d’associations et animés par des professionnels ou des bénévoles ayant parfois eux-mêmes vécus un drame. Ces lieux d’échanges peuvent constituer une source de bien-être pour des parents en souffrance qui ressentent le besoin de partager leur expérience. Voici quelques liens d’associations ou d’initiatives vers lesquelles se tourner : 

Il existe également des services d’aide au sein d’hôpitaux (liste non exhaustive) : 

Texte : Samuel Walheer

Manque de places en crèche : la Ligue des familles crée une cartographie en soutien aux (futurs) parents

Pour pallier le manque (toujours) criant de places dans les milieux d’accueils, la Ligue des familles a établi une cartographie des crèches et accueillantes, subventionnées ou non, situées dans les communes de la Fédération Wallonie-Bruxelles. La Ligue encourage par ailleurs les (futurs) parents à interpeller les politiques de la petite enfance.  

Malgré l’appel à projets lancé lors du Plan Cigogne de 2022 effectif pour 2026, bon nombre de nouveaux parents se retrouvent tout de même démunis et sans crèche pour accueillir leur(s) bambin(s). En plus de leur venir en aide par la cartographie de toutes les crèches disponibles, la Ligue des familles propose aux (futurs) parents d’interpeller leurs élus par un formulaire disponible sur leur site. 

Une cartographie pour plus de transparence 

Grâce aux chiffres récoltés par l’ONE, la Ligue des familles propose, sur son site, une carte interactive qui permet aux (futurs) parents à la recherche d’un milieu d’accueil, de se rendre compte de la réalité et des places limitées des milieux d’accueil situés dans certaines communes de Bruxelles et en Wallonie. « L’idée n’est pas de pointer du doigt une commune. Car il peut exister plusieurs raisons à cette situation et notamment le fait que beaucoup de communes réclament la création de places de longue date sans recevoir en retour les subsides de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour les créer. Mais cela permet d’offrir une première information aux parents et leur permettre de comprendre pourquoi ils ont tant de mal à trouver une solution pour la garde de leur enfant», déclare Damien Kremer, porte-parole de la Ligue des familles pour le journal Le Soir. 

Moins de places, plus de stress 

Après avoir mis au monde son petit être cher, rien n’est plus compliqué que de devoir (encore) se mettre à la recherche d’une place dans un milieu d’accueil et, cela n’est pas près de s’améliorer. « C’est déjà stressant, les miens sont nés deux mois trop tôt, donc on était en néonat. Tout des problèmes de santé, c’est très stressant, et en plus on nous rajoute ça donc, c’est-à-dire que dès qu’ils sont nés, j’étais à la maternité et j’ai appelé toutes les crèches pour dire « voilà ils sont nés, est-ce que vous avez de la place ? C’est très stressant et c’est très oppressant aussi. On n’a pas envie de penser à ça quand on vient d’accoucher. », déclare Anne-Sophie à la Ligue des familles. 

Damien Kremer, porte-parole de la Ligue des familles, renchérit, toujours au journal Le Soir : « En quatre ans, on a perdu 770 places d’accueil et on sait déjà que la création des 5200 places annoncée pour les prochaines années ne suffira pas. Il en faudrait au moins 10.000 de plus. L’idéal à atteindre serait de 50 places d’accueil pour 100 enfants, on en est loin. » 

Les parents doivent trouver des alternatives 

Suite aux différents congés possibles après la naissance de l’enfant (Travail et être parent – Born in Brussels), le temps est venu de reprendre le travail. Une nouvelle organisation se met en place au sein du cocon familial, mais il n’y a toujours pas de places disponibles dans les quelques crèches sélectionnées. C’est malheureusement une situation similaire à beaucoup de ménages résidant en Belgique.  Deux mamans ont partagé leur ressenti à la Ligue des familles (extraits) : 

Marie : « J’ai dû appeler plus de cinquante crèches pour avoir des retours de possibilités en août 2024 alors que ma fille est née en avril 2023. Pratiquement, j’ai des parents qui travaillent, ma maman travaille toujours. La maman de mon conjoint est plus âgée donc elle ne saurait pas s’occuper d’un poupon. On habite plutôt loin, à 45-50 min de nos familles. Nos amis sont tous des personne actives. Donc comment on fait ? On a eu une chance d’avoir finalement une place dans une crèche mais c’est très stressant et je me met à la place des autres qui n’ont pas encore de crèche. «  

Anne-Sophie, maman de deux garçons: « C’était la panique et ce qu’on a fait c’est qu’on a mis un mot sur Facebook en disant « recherche une place en crèche ou une accueillante pour nos deux petits garçons. On a trouvé une accueillante mais qui n’est pas déclarée. Au niveau organisationnel, mes enfants ne vont pas le mercredi car la puéricultrice n’est pas là. On est obligé de fonctionner avec ma maman qui vient aider et moi, je suis en télétravail. Donc j’ai la chance que mes employeurs soient OK pour que je reste en télétravail. Pour ma maman, deux enfants seule c’est compliqué et c’est difficile de trouver quelqu’un en plus pour aider. » 

Texte : Samuel Walheer

 Pour visualiser les témoignages complets des deux mamans interviewées par la Ligue des familles 

Pas de place pour le manque de places – YouTube

 

My.ONE : nouvelle plateforme qui facilite la vie des (futurs) parents en Wallonie et à Bruxelles

Lancé à la fin du mois de septembre 2023 par l’Office de la Naissance et de l’Enfance, « My.ONE » (Accueil | my.one.be) est un nouveau portail francophone gratuit destiné aux (futurs) parents de Wallonie et de Bruxelles De nouvelles possibilités sont ainsi proposées aux (futurs) parents, comme par exemple la prise de rendez-vous en ligne ou la recherche de crèches. 

« My.ONE«  succède au portail « Premiers pas » créé il y a quelques années par l’ONE. Cette nouvelle version a été créée pour les (futurs) parents désireux d’être accompagnés de manière digitale dans l’aventure parentale. Il est utile de préciser que ce portail ne remplace pas pour autant les services habituels fournis par l’ONE. Une équipe reste toujours disponible par téléphone ou par e-mail, pour renseigner les parents concernant l’accueil du nouveau-né, les activités durant les temps libres ou encore l’accompagnement psycho-médico-social. 

Vidéo de présentation de My.ONE -> Youtube My.ONE – Recherche Google 

My.ONE, comment ça marche ? 

Pour une première utilisation, la plateforme se veut très ergonomique et facile d’accès depuis son smartphone ou de son ordinateur. Voici 4 étapes permettant de se familiariser avec le nouveau site : 

  • Pour effectuer une recherche depuis la page d’accueil du site My.ONE, l’usager a le choix de sélectionner l’objet de sa recherche entre crèches, consultations ou écoles de devoirs et, dans le futur, des stages de vacances. 
  • La barre de recherche « Localisation » permet d’entrer un code postal ou une adresse pour une recherche par quartier. 
  • Le portail affiche alors l’objet de votre recherche sur une carte. À partir de ce menu il est possible d’ affinerla recherche en cliquant sur le bouton « Filtrer les résultats ». 
  • Sur smartphone, l’accès aux résultats s’effectue en cliquant dessus depuis la carte ou via une liste en cliquant sur « afficher la liste ». 
  • Sur ordinateur, il faut cliquer soit sur le résultat qui s’affiche sur la carte, soit sur le résultat qui s’affiche à gauche de l’écran pour obtenir tous les détails pratiques concernant la recherche (adresse, horaires, coordonnées, personne de contact, etc.). 

 

Pour rappel, l’ONE, c’est. . 

L’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) est un des organismes de référence en Communauté française (Born in Brussels en est un autre) pour toutes les questions relatives : 

  • aux politiques de l’enfance, 
  • à la protection de l’enfant et de son ou ses (futurs) parents, 
  • à l’accompagnement médico-social de l’enfant et de son ou ses (futurs) parents et ce dès la période périnatale, 
  • à l’accueil de l’enfant en dehors de son milieu familial 
  • au soutien à la parentalité. 

Born in Brussels vient compléter cette offre en s’axant davantage sur les familles vulnérables, ainsi qu’en proposant un contenu informatif bilingue et spécifiquement bruxellois.  

Voici une vidéo qui rappelle l’étendue des aides proposées par l’ONE 

ONE, un bon départ dans la vie – YouTube 

Pour accéder à la plateforme My.ONE 

Accueil | my.one.be 

Carte blanche : les sages-femmes sont à bout de souffle !

Le constat est sans appel et cela ne date pas d’hier, le métier de sage-femme ne se porte pas bien. Un emploi pas suffisamment protégé, trop peu de valorisation entre la charge de travail et le salaire alloué ou encore une faible considération de la santé mentale des sages-femmes. Quelques arguments qui démontrent toute la fragilité ressentie par ces bienveillant.e.s de la naissance. À l’initiative de l’UPSFB (Union Professionnelle des Sages-Femmes Belges) et de l’AFSFB (Association Francophone des Sages-Femmes Catholiques), une carte blanche a été partagée le 23 octobre dernier pour dénoncer une situation qui serait jugée « inacceptable » par les professionnels.elles du secteur.

{Une carte blanche rédigée par Sylvianne Wauters, pour les associations professionnelles représentées par les deux présidentes : Murielle Conradt, présidente de l’Upsfb et Anne Niset, présidente de l’AFSFC}

« Mr. Vandenbroucke, une fois de plus nous sommes consternées par votre manque d’intérêt pour la profession sage-femme.

Alors que votre discours parle des 1000 premiers jours, comme une opportunité de santé physique et mentale pour les nouvelles générations, votre politique budgétaire assassine cette même première ligne dans laquelle se trouvent les sages-femmes. 42,7 milliards d’euros et pas un centime pour les sages-femmes, pourtant du financement n’est pas seulement nécessaire, mais bien vital pour le secteur. 

La sage-femme est une professionnelle de première ligne, détentrice d’un baccalauréat, qui possède toutes les compétences nécessaires pour maintenir la santé des femmes et de leurs enfants durant toute la période de périnatalité. Formée de manière continue, elle accompagne la physiologie et dépiste la pathologie. Elle travaille en collaboration avec les professionnels de la périnatalité (gynécologues, pédiatres, médecins généralistes, ONE…) afin d’assurer un suivi des familles en suivant les dernières recommandations et données de la science.  Alors que l’approche globale impliquant davantage la prévention est encouragée, la sage-femme est une profession qui a démontré son efficacité (Lancet).

Mais à quel prix ?

Dans le rapport de la commission de planification réalisé sur base de l’exercice 2017, on constate qu’un emploi d’indépendante à temps plein pour la nomenclature des sages-femmes est assimilé à un montant brut de 25.635€ dans le cadre de la nomenclature spécifique aux sages-femmes contre un montant brut de 76.879€ pour un emploi d’indépendante à temps plein dans la nomenclature en art infirmier.  Ce chiffre a même fait douter la commission tellement il était dérisoire au regard de l’exercice, or aujourd’hui rien n’a changé, c’est même pire !  

Nous avons successivement :

  • Perdu le financement de l’accompagnement des femmes en salle de naissance 
  • Été contraintes de participer au financement du trajet de soin à bas en risque en obstétrique dans lequel nous ne sommes même pas incluses 
  • Perdu le remboursement du 7e code de post-partum à domicile au-delà des 6 premiers jours, pour un accès à la prime télématique qu’un nombre ridicule de sages-femmes a réellement pu obtenir
  • Et très récemment un effort supplémentaire sur notre budget nous a été exigé pour réaliser de nouvelles économies dans le cadre de « l’appropriate care » , bien que nous soyons déjà à 100% de l’appropriate , nous y avons encore laissé cette fois, un remboursement de préparation à la naissance! 

Avec la mise en place des retours précoces, les sages-femmes ont dû se réorganiser, quitter le milieu hospitalier qui leur assurait une sécurité financière pour une situation de libérale plus précaire.  Si la prise en charge a glissé lentement mais sûrement de l’hôpital vers la première ligne, il semble que le financement soit lui resté hospitalisé et n’ait pas encore eu la permission de sortir ! 

À cela est venue s’ajouter une affiliation à la TVA sur toute prestation hors nomenclature réalisée par la sage-femme, une façon de crever une éventuelle bouée de sauvetage.

Nous sommes les seules professionnelles de la santé qui ne disposent que d’une facturation pour la prise en charge de deux personnes physiques !  Quel autre professionnel de la santé accepterait de prendre en charge deux (ou trois, ou quatre) êtres humains pour 39,15 euros brut avec une contrainte horaire d’une heure de prestation ? Les frais de déplacement à eux seuls sont déjà supérieurs à ce montant dans un grand nombre de professions !

Votre première ligne se porte mal, monsieur le ministre ! 30% des sages-femmes souffrent de burn-out.  Sur 200 sages-femmes interrogées, 20% hésiteraient à refaire ces études par manque de reconnaissance, y compris financière.

Or, nous sommes une des professions les plus conventionnées ! Et seuls 5,9% sur 200 sages-femmes interrogées y trouvent un intérêt, leur seule motivation est de rendre les soins accessibles et éviter à tout prix une médecine à deux vitesses, moins humaine. 

Plutôt que de nous féliciter, vous avez préféré prendre la décision de supprimer la prime de conventionnement pour les sages-femmes en 2024 (prime que nous venons tout juste de percevoir pour une année). Le score de conventionnement étant trop bon, il n’est plus nécessaire de nous encourager !

Une volonté de mettre la sage-femme au tapis ?

De nombreuses sages-femmes sont formées chaque année, entraînant une augmentation de l’offre par rapport aux besoins de la population selon l’avis de mars 2020 de la commission de planification.  Elle proposait alors de réguler l’accès à la profession sage-femme et préconisait de faire évoluer la profession vers plus d’autonomie avec une formation adaptée et le passage vers un master, ce qui permettrait de mettre en place un nouveau modèle de soin, faisant coïncider l’offre sage-femme et les besoins de la population.  Il semble que la stratégie retenue par votre cabinet soit plus primaire.  Si l’on coupe les vivres aux sages-femmes, on peut raisonnablement espérer que l’offre diminue d’elle-même et règle naturellement la balance offre / demande.

Mais c’était sans compter l’essentiel ! Nous ne parlons pas ici de la rentabilité d’une usine à poupons, nous parlons de la naissance de petits êtres humains qui feront la société de demain, et qui arrivent dans un monde suffisamment chaotique que pour espérer y être humainement accueillis.  Si sur le papier l’offre est supérieure à la demande, nous nous étonnons alors de voir le nombre impressionnant d’accompagnants et coach en tout genre qui accaparent le monde de la naissance, sans aucun cadre légal, pour des montants indécents et répondent ainsi à une demande bien réelle qui émane directement de la population.

Les sages-femmes, soumises à leur cadre légal, ont du mal à concurrencer ces nouvelles activités, avec des offres multiples et audacieuses, semant le trouble dans l’esprit des parents en devenir, qui pensent être accompagnés de manière sécuritaire.  Bien sûr les tarifs sont libres et seuls les plus nantis peuvent y avoir recours, mais ce n’est pas gênant puisque nous ne touchons pas au budget de soins de santé du gouvernement.

En ce qui concerne les sages-femmes, le discours est tout autre, l’heure est aux économies, il faut se serrer la ceinture, encore et encore, jusqu’à ce qu’au final, il n’y ait plus de place pour l’essentiel.

Vous parlez de santé mentale ? 

En effet, il semble que ce soit le fléau de notre société ! Ne serait-il pas temps de se poser les bonnes questions ? 

La grossesse est de par sa nature une vulnérabilité, quelle que soit la situation médico-psycho-socio-économique, c’est également une opportunité de santé! Le passage vers la parentalité est sans doute un des plus grands défis que l’être humain ait à relever durant son existence, il ouvre une fenêtre d’opportunité pour sortir des habitudes et remettre une famille en santé.  

Les sages-femmes, de par leur cadre de travail, saisissent cette opportunité en réalisant de l’éducation à la santé, du soutien à la parentalité et en mobilisant un réseau de soutien adéquat autour de la famille en plus de leur suivi médical.  Nous sommes les premiers acteurs à réaliser de la prévention en matière de santé mentale ! 

Vous vous félicitez d’investir dans un trajet de soins pour les familles vulnérables ?

Il est louable d’investir dans les classes de la population les plus vulnérables, mais coordonner des services sous-financés, épuisés ou saturés a-t-il vraiment encore du sens ?  À quand des moyens pour ces services ?

 Il serait également extrêmement dommageable d’en oublier la population générale ! Les moyens que nous mettrons en œuvre pour aider les familles dans les premières années de la vie d’un enfant sont un investissement à long terme pour une société de demain en meilleure santé.  Avec la promesse de belles économies dans les soins de santé également !  

Alors nous nous interrogeons, jusqu’où faudra-t-il aller pour vous apercevoir que vous faites fausse route ? Allez-vous encore longtemps faire la sourde oreille aux demandes incessantes et urgentes des professionnels en détresse ? L’humanité pourra-t-elle encore primer sur la rentabilité ?

Nous vous invitons à reconsidérer vos choix, à avoir le courage d’investir dans une profession qui sans doute est peu mise en avant, mais qui, discrètement, façonne la société de demain. 

À l’image des abeilles ouvrières, les sages-femmes continuent, comme elles peuvent, pour le bien commun, en souffrant depuis des décennies…


Aujourd’hui nous sommes en colère ! Aujourd’hui nous revendiquons des rémunérations décentes !
Aujourd’hui nous sommes au pied du mur, forcées de choisir entre notre survie et une médecine humaine.
Aujourd’hui la ruche suffoque, et la disparition des abeilles n’est jamais un bon présage !

Pour toutes les sages-femmes qui vont au-delà de leurs limites,
Pour toutes les femmes qui souffrent de ne pas être soutenues, entendues
Pour tous ces nouveau-nés qui arrivent dans un monde bien rude. »

Pour signer la pétition  Carte blanche (google.com)