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ZenBirth, nouvelle appli pour mieux appréhender la dépression post-partum

L’application française Zenbirth vient d’être lancée ce 27 octobre 2025. Il s’agit d’aider les jeunes mamans à faire face à la dépression post-partum grâce à une série d’exercices pensés par des professionnel.le.s de la périnatalité. Interview avec la co-fondatrice du projet, également infirmière anesthésiste pédiatrique, Marie-Esther Degbelo. 

Après ZenCool (pour les enfants avec des troubles anxieux), ZenSplit (pour gérer la phobie scolaire) et ZenMoov (pour faire face au stress du déménagement), ZenBirth est le quatrième programme lancé par le projet Koalou. L’idée générale est d’accompagner les parents et les enfants « face aux aléas de la vie » de façon digitale et ludique, à tout moment du jour ou de la nuit. Du contenu pédagogique spécifique est proposé, ainsi que des exercices concrets pour retourner à un état plus serein. « Il ne s’agit pas de remplacer les professionnel.le.s de santé, mais d’apporter une aide alternative accessible facilement et à tout moment », précise la co-fondatrice.

 

La dépression post-partum, parlons-en !

Quelques jours après la naissance, une maman peut se sentir triste, anxieuse, très émotive et se met parfois à pleurer sans raison. Cela arrive à beaucoup de mamans, c’est une réaction naturelle et fréquente connue sous le nom de baby blues. Dans certains cas néanmoins, le mal-être peut s’installer plus longtemps et on parle alors de dépression post-partum. La maman (ou même le papa quelques fois) peut se sentir totalement dépassée, submergée d’angoisses et avoir le sentiment de ne « pas y arriver ». Une fatigue chronique s’installe, des troubles du sommeil apparaissent, ainsi qu’un manque de concentration ou encore une difficulté à créer du lien avec le bébé.

« Ce n’est pas aussi rare qu’on le pense, insiste Marie-Esther Degbelo, environ 20% des jeunes mamans sont touchées par la dépression post-partum. Ce qui représente une famille sur cinq ! Il est donc essentiel d’identifier ce trouble le plus tôt possible et même parfois préventivement. Parce qu’il existe des facteurs de risque (accouchement traumatique, allaitement compliqué, part génétique), tout comme des facteurs psycho-sociaux (conflits à la maison, problèmes d’argent, vulnérabilité). L’application ZenBirth a été créée justement pour permettre un accompagnement rapide et immédiat, en parallèle à une aide médicale plus classique. »

Accompagner les parents en sept étapes

La co-fondatrice rassure : « La dépression post-partum s’accompagne ; ce n’est pas une fatalité et ça peut tout à fait être temporaire. Plusieurs traitements existent comme les thérapies comportementales ou, quand c’est nécessaire, des antidépresseurs temporaires. » Avec Zenbirth, l’idée est d’agir concrètement sur plusieurs aspects de la dépression. Sept étapes ou exercices sont proposés aux mamans :

  • Le retour à la maison
  • Les troubles du sommeil (routine nocturne, accompagner le manque de sommeil…)
  • La gestion des pleurs (mouvements doux, massages, points d’acupressure…)`
  • L’équilibre parental
  • L’attachement sécure (ex. : prendre un moment pour respirer avec l’enfant)
  • La confiance parentale (être indulgent envers soi-même ; faire le deuil du parent parfait)
  • La pensée positive (changer le prisme par lequel on voit les choses)

Une appli à utiliser en complément d’un parcours de soins classique

Bien sûr, Zenbirth assure une complémentarité avec le suivi de la dépression par un.e professionnel.le de la santé. L’appli a plusieurs avantages à ne pas négliger. Tout d’abord, la méthode est approuvée scientifiquement et basée, notamment, sur le DMS-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux). Il s’agit d’un outil disponible immédiatement et à toute heure. Les informations reprises dans la partie pédagogique permettent d’enrichir le parent et d’alimenter ses connaissances pour mieux appréhender les moments de crises (à l’image du contenu proposé par Born in Brussels également). Les exercices, quant à eux, sont bien développés et spécifiques à chaque situation vécue, basé sur les Thérapie Cognitivo-comportementales ; toujours axés sur le lien parent-enfant. Elle conclut : « Gardez espoir, il existe des solutions ! De nombreux acteur.ice.s se battent pour apporter leur aide et on a tous et toutes cette mission de continuer à parler du sujet pour que plus aucun parent ne se sente isolé. »

 

→ Plus d’infos :

Télécharger l’application ZenBirth (prix unique de 49€)

www.koalou.com

hello@koalou.com

+33 6 38 44 22 65

Trouver une place en crèche, « mission impossible » pour les jeunes parents ?

« Je pense qu’on ignore ce qu’est la charge mentale avant de devenir parent. C’est juste inimaginable tout ce à quoi il faut penser et gérer. On est plongé dans un monde inconnu. » À travers sa nouvelle campagne, Soralia tire la sonnette d’alarme : en Fédération Wallonie-Bruxelles, il n’existe en moyenne que 3 places disponibles en crèche pour 10 enfants. Un manque structurel qui pénalise directement les familles.

En 2023-2024, Soralia (mouvement mutualiste féministe d’éducation permanente) a lancé un questionnaire en ligne pour recueillir les témoignages de (futurs) jeunes parents. Les résultats sont tout juste sortis et ils sont on ne peut plus clairs : « Trouver une place en crèche, c’est (presque) mission impossible ».

Des parents en stress permanent

Laudine Lahaye, chargée d’études et spécialiste des thématiques familiales chez Soralia, explique au sein d’un communiqué : « Même s’il existe des disparités parfois importantes en fonction de la province voire de la commune, on peut globalement dire qu’il y a un manque structurel de places d’accueil pour les enfants vivant en Fédération Wallonie-Bruxelles. Les futurs parents sont confrontés à divers obstacles : elles·ils ne savent pas où se situent les places disponibles ; elles·ils doivent contacter et entamer l’inscription dans plusieurs milieux d’accueil à la fois, avec tous les mails, rappels que cela engendre, sans jamais connaître leur place ni les délais d’attente. » Cette situation a des conséquences directes sur la santé des familles : stress, anxiété, risques accrus de dépression post-partum.

Un droit fondamental bafoué

Pour Soralia, l’accueil de qualité de chaque enfant « représente un droit fondamental : c’est reconnu par la Convention internationale des droits de l’enfant adoptée par l’ONU. Si on ne mise pas sur les enfants maintenant, on le paiera après ! Les enfants bien “outillés” d’aujourd’hui seront les adultes de la société de demain. » Au-delà des difficultés logistiques, les inégalités de genre sont renforcées.

« Les inégalités femmes-hommes commencent souvent devant le panier de langes sales. L’arrivée des enfants confronte beaucoup de femmes à cette dure réalité. Ce sont généralement elles qui réduisent leur temps de travail pour s’occuper des enfants, elles sont aussi plus nombreuses à prendre un congé parental et à gérer les démarches administratives, notamment lorsqu’il s’agit de chercher une place d’accueil », souligne Laudine Lahaye.

« Un conte drôle et engagé »

Pour sensibiliser largement, Soralia a choisi de mettre en scène un conte. L’histoire d’Alex et Sam, futurs parents, confrontés à la recherche d’une place d’accueil, a été illustrée par Prisca Jourdain. « Même si le récit illustre des réalités très concrètes et difficiles, nous avons pris le parti de jouer la carte de l’humour. Pour nous, le conte est une porte d’entrée idéale pour rendre le sujet accessible et pour pouvoir échanger avec les gens. C’est un outil plus politique qu’il n’y paraît ! », explique l’équipe de campagne. Des stickers et des actions de terrain viendront compléter ce dispositif pour « diffuser la campagne sur l’ensemble du territoire ».

« L’intime est politique »

Pour Noémie Van Erps, secrétaire générale de Soralia, « défendre les droits des familles fait partie de l’ADN de notre ASBL. Dans un contexte politique fragilisant nos fondements sociaux et sociétaux, nous devons rappeler, plus que jamais, que l’intime est politique. »

La Belgique unie contre la méningite : cap sur 2030

À l’occasion de la Journée mondiale de la lutte contre la méningite (5 octobre), l’Académie belge de pédiatrie (BAoP) a réuni, le 2 octobre dernier, des décideurs politiques, des experts et des témoins afin de sensibiliser le public à cette maladie et de souligner pourquoi la Belgique doit de toute urgence concrétiser le plan d’action de l’OMS « Vaincre la méningite d’ici 2030 ».

Le méningocoque provoque une maladie infectieuse rare qui peut avoir des conséquences importantes, voire mortelles, chez les nourrissons et les jeunes enfants. L’infection peut entraîner des méningites bactériennes et des septicémies, avec un impact considérable sur les patients et leurs familles. Les conséquences peuvent être dramatiques. Chaque cas est un cas de trop », précise la BAoP sur son site.

La méningite est une maladie redoutable, en particulier chez les enfants. La prévention par la vaccination et une vigilance accrue face aux premiers symptômes sont essentielles pour éviter des drames. La Journée mondiale de lutte contre la méningite et l’initiative de l’Organisation mondiale de la Santé « Vaincre la méningite d’ici 2030 » nous rappellent l’urgence d’agir pour protéger nos enfants et, à terme, éliminer cette menace. Cette initiative de l’OMS, lancée depuis déjà plusieurs années, vise à réduire de 50 % les cas de méningite bactérienne et à diminuer drastiquement les décès et les séquelles liées à cette maladie. La rencontre du 2 octobre, à laquelle l’équipe de Born in Brussels s’est rendue, avait pour but de faire le point sur les initiatives mises en place et de contribuer à la lutte. 

Une maladie particulièrement dangereuse pour les nourrissons

Chaque année en Belgique, plusieurs dizaines de jeunes enfants sont touchés par la méningite. Cette maladie inflammatoire des méninges – les membranes entourant le cerveau et la moelle épinière –, peut être d’origine virale ou bactérienne. La méningite bactérienne, plus rare mais plus sévère, peut entraîner des complications irréversibles comme la surdité, des troubles neurologiques ou, dans les cas les plus graves, un décès en seulement 24 heures. Les jeunes enfants, notamment ceux de moins de cinq ans, sont parmi les plus vulnérables à cette maladie. Leur système immunitaire encore immature les expose davantage aux infections graves. Les nourrissons peuvent présenter des symptômes atypiques, comme une irritabilité extrême, une perte d’appétit ou une fontanelle bombée, rendant le diagnostic parfois difficile.

Les moments forts du colloque

  • Le point de vue de la BAoP sur la politique de santé et l’équité en Belgique – Prof. Ann De Guchtenaere (UZ Gent – BAoP)

Il était question, dans cette première intervention, de rappeler que les droits de l’enfant doivent être à la base de tout. Il faut se battre pour l’équité entre tous les enfants ; quels que soient leur niveau social. Dans le cas de la méningite, certains vaccins ne sont pas remboursés et seules les familles aisées peuvent donc en bénéficier. Il faut que cela change. Ni la Belgique, ni les Pays-Bas n’ont mis la souche B de la méningite dans leur calendrier vaccinal ; ce qui est une abérration quand on sait que des enfants peuvent en mourir. Les politiques doivent permettre un remboursement et faire enfin des efforts.

→ Lire les recommandations de la BAoP à ce sujet

  • Le plan d’action de l’OMS ‘Defeating Meningitis by 2030’ : Un engagement mondial et équitable – Prof. Marc Van Ranst (UZ Leuven)

Petite introduction, ensuite, sur le plan de l’OMS afin d’éradiquer la méningite d’ici 2030 et permettre de réduire les inégalités. Car la santé devrait être la même pour tous ; mais ça n’est pas le cas. Au sein d’une étude, on voit que la Belgique est dans le rouge ; ça n’évolue pas correctement. Déjà la moitié du chemin est parcouru par rapport au programme de l’OMS, mais il y a encore beaucoup à faire. Autant par la vaccination que par la prévention. Car on constate clairement que les communes les plus pauvres n’ont pas accès à certains vaccins à cause de leur prix trop élevé…

  • Focus sur la méningite : Perspective en matière de recherche et de données – Prof. Stefanie Desmet (KU Leuven) et Prof. Wesley Mattheus (Sciensano) : épidémiologie du pneumocoque en Belgique

Présentation plus médicale ensuite par ces deux épidémiologistes sur les différents pneumocoques et méningocoques. Leur conclusion était de dire que les cas augmentent depuis 2024, alors que c’était en constante baisse depuis 2014. Il faudrait donc introduire d’autres vaccins remboursés (surtout pour la souche B) afin de diminuer de 40% les cas chez les enfants.

  • Zoom sur la septicémie – Prof. Erika Vlieghe (UZ Antwerpen)

Explication, au sein de cette intervention, du lien entre la septicémie et la méningite. Cette dernière est en fait un cas particulier de la septicémie qui touche le cerveau. Lorsque les organes sont hors de contrôle, il faut des soins intensifs. Malheureusement, une grande partie des patients ne s’en sortent pas. Ceux qui ont la chance de survivre sont quand même impactés dans leur qualité de vie ; principalement les enfants. En plus de ces coûts humains, les coûts financiers sont considérables pour l’Etat. Encore une raison pour les politiques de tenter d’enrayer cette maladie particulièrement dangereuse pour les jeunes enfants et les femmes enceintes.

  • Point de vue du Conseil Supérieur de la Santé – Prof. David Tuerlinckx (CHU UCL Namur – co-chair Vaccines CSS)

Du côté du Conseil Supérieur de la santé, les choses sont limpides : il faut changer le calendrier vaccinal de toute urgence. Le vaccin contre le méningocoque B doit absolument y être inclu et remboursé. Chez les adolescents, plus de 30% en sont porteurs et certains vont forcément le transmettre. Sauf s’ils sont vaccinés. C’est donc extrêmement important !

Le CSS insiste sur trois points en particulier :

– Que les souches C,W et Y figurent dans le calendrier vaccinal obligatoire des adolescents.

– Que le vaccin contre le méningocoque B soit enfin remboursé pour les enfants et ados.

– Que les personnes à hauts risques soient automatiquement remboursées pour l’ensemble des vaccins.

  • Témoignages de patients –  Sepsibel, ARTHUR forever asbl & les parents de Maurice

Voici l’un des trois témoignages du colloque. Celui des parents du petit Arthur, malheureusement décédé à l’âge de 9 mois. 

Arthur était un enfant très souriant, joyeux, gourmand. Quand il a eu 9 mois, il a commencé à avoir de la fièvre et des vomissements. On est allé voir le pédiatre qui a diagnostiqué une gastro. Mais le lendemain, aux urgences, les médecins nous ont parlé de la méningite. On était très surpris. Deux jours après, Arthur est mort. C’est quelque chose de très injuste et contre nature. Des années après, on est encore affecté bien sûr et on devra vivre avec cette douleur toute notre vie. Son frère James a ramené un peu de bonheur il y a 3 ans, mais ça reste extrêmement difficile. Grâce à notre association Arthur Forever, on soutient la recherche pédiatrique, les docteurs zinzins, Mes mains pour toi et d’autres initiatives du genre. On ne parle pas assez de la méningite ; certains vaccins sont chers et non remboursés ; ce n’est pas normal ! »

→ Pour plus d’informations sur la rencontre ou sur la BAoP : info@baop.be ou www.baop.be

Polémique autour de la tendance inquiétante des « bébés carnivores »

Aux États-Unis et au Canada, certains parents vantent les mérites d’un régime exclusivement à base de viande pour leurs enfants. Ainsi, plusieurs vidéos virales récentes montrent des nourrissons en train de mâcher du bacon ou de sucer une côte de bœuf. Mais pour les spécialistes, cette mode est non seulement dangereuse, mais aussi porteuse de graves carences.

Depuis quelques mois, les réseaux sociaux s’emplissent de vidéos insolites et controversées. On y voit des bébés, parfois âgés de seulement douze mois, tenus à l’écart des traditionnelles purées de légumes. À la place, leurs parents leur donnent du jaune d’œuf battu, du foie émietté, de la moelle osseuse, voire un steak ou une côte de bœuf à ronger. Le Wall Street Journal a été parmi les premiers à documenter ce phénomène baptisé “carnivore babies”, alimenté par des familles déjà adeptes du régime carnivore à l’âge adulte.

Des parents convaincus des bienfaits

Pour les parents qui promeuvent cette pratique, les avantages seraient nombreux : meilleur sommeil, digestion plus facile, tempérament apaisé, développement plus rapide. Certains assurent même que leur bébé n’a jamais eu besoin de médecin ni développé d’allergies. Ces témoignages séduisent une partie du public conservateur américain, au point que Fox News a accordé une tribune relativement complaisante à cette tendance.

Graves carences en perspective

Les spécialistes de la nutrition infantile tirent pourtant la sonnette d’alarme.

« Les besoins nutritionnels d’un nourrisson ne peuvent être satisfaits par un régime riche en viande », rappelle Mark Corkins, directeur de gastroentérologie pédiatrique à l’Université du Tennessee.

Selon Harvard Health Publishing et Healthychildren.org, un enfant privé de fruits, légumes, céréales et légumineuses risque des déficits en fibres, vitamines et minéraux essentiels. À long terme, cela pourrait favoriser des maladies rénales, hépatiques ou osseuses.

Viande crue et risques infectieux

À ces carences s’ajoute un danger immédiat : celui des bactéries et parasites. Les œufs crus et viandes servies en tartare peuvent contenir salmonelles, E. coli ou encore le ver solitaire. Des contaminations particulièrement risquées pour un organisme encore en développement. Les nutritionnistes rappellent que les régimes hyperprotéinés sont déjà controversés pour les adultes, et encore plus déconseillés pour des bébés. Loin d’un simple effet de mode, cette pratique pourrait avoir des conséquences durables sur la santé des enfants.

« À cheval sur le dos des oiseaux », cri d’amour d’une mère vulnérable

« À cheval sur le dos des oiseaux », de Céline Delbecq, est à la fois un livre et une pièce de théâtre sur le combat d’une mère, mise sous tutelle, qui veut prouver au monde qu’elle est capable de s’occuper de son enfant ; de « son tout petit ». Depuis 2021, date de sortie du texte, il tourne partout en Belgique et en France. Le succès est unanime tant pour la puissance des mots que pour la justesse d’interprétation.  

Ingrid Heiderscheidt, interprétant « À cheval sur le dos des oiseaux » – Photo : Compagnie de la Bête Noire

 

L’équipe de Born in Brussels a assisté, fin août, à ce magnifique spectacle lors des « Retrouvailles » du Théâtre Le Public. Une riche programmation des coups de cœur de l’année y était proposée. Et parmi eux, le monologue de Céline Delbecq, interprété par Ingrid Heiderscheidt, nous a littéralement scotchés à notre siège. Il est question de maternité, de handicap, de précarité, de vulnérabilité, d’alcoolisme

Un texte difficile, mais lumineux

Le texte est difficile, mais il est aussi lumineux, attendrissant et plein d’espoir. L’histoire peut être résumée ainsi : Une mère, assise devant un juge, se met à raconter son bonheur d’être devenue tardivement maman. Son petit Logan était inespéré dans sa vie. Bien qu’elle ait été diagnostiquée « débile’, comme elle dit, et qu’elle ait été mise sous tutelle, elle s’en occupe du mieux qu’elle peut. Pendant une heure, elle retrace le cours de sa vie avec ce nouveau-né inespéré qui ne bronche pas, sauf la nuit où il semble « avoir la terreur dans son corps ». Elle parle aussi de sa vie à elle, en tant qu’aînée d’une famille très nombreuse, de la pauvreté extrême dans laquelle ils vivaient, de son frère Patrick qui ressemble tant au petit Logan…

Dénoncer un système social défaillant

Outre l’histoire de Carine Bielen, personnage fictif de 47 ans, qui pourrait représenter tout un pan de la société, l’autrice a voulu dénoncer, entre autres, un système social et économique parfois défaillant :

À travers une parole intime, ce monologue traverse l’histoire d’une femme issue d’un milieu précaire et qui a été reléguée, dès l’enfance, vers une filière handicapée. C’est ce processus de relégation, fruit d’un système économique et social discriminatoire, qui m’a intéressée et donné le désir de m’enfoncer dans ce texte. D’un côté, il y a un système qui protège mais aussi qui décide et impose ses normes (test QI, mises sous tutelles, etc) et de l’autre, des êtres qui sont écartés de leur propre histoire, en raison de ces normes aux limites toujours discutables. Carine Bielen est un personnage fictif, elle n’existe pas. Mais il existe des milliers de Carine Bielen sur cette terre, pris dans les filets du contrôle social et de ses aveuglements normatifs. Je voulais lui donner la parole. » Céline Delbecq

Entre rêve et réalité brute

Cette dame d’apparence simple d’esprit et parlant un langage châtié s’avère souvent rêveuse et pleine de douceur. Elle remonte dans ses souvenirs d’enfance et relève quelques-uns de ses rares bonheurs en famille. L’un d’eux donne un éclairage sur ce magnifique titre : « À cheval sur le dos des oiseaux ».

Petite, mon père m’appelait la poète
parce que je regardais les oiseaux
dès que j’en voyais dans le ciel
je bougeais plus comme ça
je les regardais
j’imaginais que j’étais à cheval sur leur dos… »

Où voir la pièce / se procurer le livre ?

La pièce de théâtre sera encore jouée quelques fois (plus à Bruxelles pour le moment) :

  • : Maison de la Participation et des Associations (Charleroi)
  • : Helha-Cardijn (Haute École Louvain en Hainaut)
  • Les Chiroux (Centre culturel de Liège)