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Places en crèche : entre l’offre et la demande, une situation toujours alarmante pour les familles

La Ligue des familles partage sa toute dernière étude intitulée « Où ouvrir prioritairement de nouvelles places en crèche ? ». Au programme, l’analyse de la situation actuelle et les difficultés de nombreuses familles, au regard d’un constat : la Fédération Wallonie-Bruxelles a perdu 1.700 places en crèche ces quatre dernières années. L’étude formule également des propositions qui permettraient de créer de nouvelles places dans des zones dites « en tension »; là où la (forte) demande ne rencontre pas l’offre (trop faible).

Pour l’équipe de Born in Brussels, le bien-être des bébés et de leurs parents est capital. Et cela commence par la possibilité d’accéder à toutes les formes de gardes possibles ; les crèches en priorité. On le sait, au plus tôt les démarches sont entamées (à partir du 4e mois de grossesse), au plus nombreuses sont les chances de voir son enfant inscrit dans une crèche ou chez un.e accueillant.e agréé.e par l’ONE. Car les places en crèches sont convoitées par de nombreuses (futures) parents et limitées en fonction de la situation géographique. À cet égard, plusieurs articles ont été publiés comme : Manque de places en crèche : la Ligue des familles crée une cartographie en soutien aux (futurs) parents ou 770 places en crèche de moins qu’en 2019 : “une situation dramatique pour les familles”. En vue d’améliorer la situation, la Ligue des familles partage son analyse de la situation et ses recommandations pour le secteur.

D’après le baromètre 2024 de la Ligue des familles, 61% des parents disent avoir difficile ou très difficile à trouver une place dans un milieu d’accueil pour leur enfant. 33% n’ont pas trouvé de places en crèche au moment où ils en avaient besoin, et 23% des parents doivent prendre un congé parental, réduire voire arrêter leur activité professionnelle faute de place en crèche. »

Le taux de couverture

Le taux de couverture (en places subventionnées) désigne le nombre de places en crèches qui appliquent des tarifs proportionnels aux revenus des parents et au regard du nombre d’enfants âgés de 0 à 2,5 ans dans une zone géographique donnée. Cela signifie que les nouvelles places sont ouvertes là où le taux de couverture est faible ; là où il y a peu de crèches accessibles par rapport au nombre de bébés. Seulement voilà, on crée des places là où il y en a le moins, mais sans tenir compte des zones où la demande des parents est la plus forte. Pour la Ligue des familles, ce critère est pertinent mais il requiert une condition : « On n’ouvre plus de nouvelles places dans les zones géographiques où le taux de couverture est certes plus élevé que la moyenne, mais où la demande des parents est aussi particulièrement forte. De plus, les budgets prévus pour la création de nouvelles places en crèche ne permettent pas de répondre dans l’immédiat à tous les besoins. Il est donc nécessaire de déterminer où il est prioritaire d’ouvrir les prochaines places. »

Que propose la LDF ?

La Ligue des familles propose d’utiliser une partie des nouveaux budgets dédiés à la création de places (par exemple 10 ou 20%) à l’ouverture de nouvelles crèches dans les zones en tension, où la demande non rencontrée des parents est la plus forte. Cela comblerait les manquements et simplifierait la vie des familles. De plus, la LDF préconise, à court terme, un plus grand investissement dans le développement de nouvelles places en crèche. À long terme, elle souhaite qu’un financement de projets voit le jour pour favoriser les places en crèche de manière permanente. En ce sens, l’analyse faite par la Ligue démontre que cela permettrait :

D’éviter la brièveté des délais pour rentrer les projets, ce qui peut conduire à les préparer dans l’urgence ;
• La constitution d’une liste d’attente pour les projets non retenus dans un premier temps, évitant ainsi leur déclassement et la nécessité de devoir réintroduire un nouveau dossier (avec la charge de travail que cela représente) ;
• D’inciter au développement de milieux d’accueil, fussent-ils non financés dans un premier temps, qui seraient cependant considérés comme finançables à terme, une fois qu’ils auront été sélectionnés selon leur classement dans la liste d’attente évoquée dans l’analyse.

Il faut développer à la fois des réponses très concrètes à court terme –pour répondre aux besoins des familles qui
recherchent actuellement une place– et à plus long terme –pour les familles qui auront des enfants dans les mois et années à venir. »

→ L’étude complète de la Ligue des familles « Où ouvrir prioritairement de nouvelles places en crèche ? »

Soutenir le secteur

La Ligue des familles partage ses propositions dans l’espoir que les demandes de développement, de stabilisation et de revalorisation du secteur aboutissent dans le futur. Pour soutenir le secteur, la LDF espère, d’une part, qu’il y ait une amélioration des conditions de travail des puéricultrices, notamment à travers une prise en compte de la pénibilité spécifique à ce métier. D’autre part, elle souhaite la mise en application d’un meilleur financement du personnel dédié à l’encadrement ; à savoir 1,5 ETP (équivalent temps plein) pour 7 enfants, au lieu de celui d’1 ETP pour 7 enfants. Pour ajuster les politiques en matière de petite enfance au regard des situations de nombreuses familles confrontées à des difficultés,  l’analyse de la Ligue des familles prend tout son sens et fait figure d’une réelle proposition de travail.

Samuel Walheer

Podcast : Les bébés sont-ils des poètes ? « Ouvrez grand vos oreilles ! »

Lancé fin janvier 2025, « Les bébés sont-ils des poètes » est un podcast qui n’a pas échappé à l’équipe de Born in Brussels. En libre écoute sur France inter, ce deuxième épisode fait partie d’une série de dix podcasts intitulés « Les super pouvoirs des bébés ». Immersion dans une atmosphère aussi imprévisible que fascinante !

Sur le site de Born in Brussels, deux podcasts ont déjà été mis en avant et abordent des sujets liés aux femmes : “Toutes entières”, le podcast du GAMS pour lutter contre les mutilations génitales et En France, “Bliss Stories” fait référence en matière de témoignages sur la maternité. Dans « Les bébés sont-ils des poètes », aux tout-petits d’être mis sur le devant de la scène ! Il s’agit d’une invitation à nous plonger dans la peau d’un bébé – que nous étions il n’y a pas si longtemps que cela – ou du moins, de tenter de comprendre ce qu’il s’y passe. Une chose est sûre, après l’écoute, on ne regardera plus les bébés de la même manière.

Dès leur naissance, les bébés ont des intuitions physiques qui vont au-delà des sensations. Ils sont a la recherche de savoirs sur le monde qui les entoure. Les bébés analysent et interprètent ce nouvel espace dans lequel ils viennent de naître. » Erika Parlato-Oliveira – clinicienne et chercheuse en Sciences cognitive, psychanalyste et formatrice pour le personnel de la petite enfance.

Au fait, c’est comment d’être un bébé ?

Dès leur arrivée, les bébés ne sont plus dans leur environnement habituel, aquatique, au sein du placenta chaleureux de leur mère. Ils vont se poser des questions et s’adapter au monde qui les entoure. Rapidement, les bébés développent des intuitions ; ils analysent et interprètent leur nouvel espace aérien. Dans ce podcast, Erika Parlato-Oliveira interagit avec Zoé Varier, productrice, autour du sujet du bébé. La spécialiste en la matière explique : « les bébés ne peuvent pas s’exprimer avec des mots mais ils sont malgré tout des êtres de langage. Ils ont un système complexe de langue ; ils peuvent parler avec des gestes, un index qui se lève, un regard, une expression du visage. Les bébés sont de véritables interlocuteurs ».

La magie du tour de paroles

Italo-brésilienne, Erika Parlato-Oliveira a mené plusieurs études dont une qui porte sur les dialogues entre les adultes et les bébés. Celle-ci se base sur des observations de bébés âgés de quatre mois et accompagnés par leur maman. Sur l’ensemble des données récoltées, la notion de « tour de paroles » est celle qui a le plus interpellé la chercheuse. Pour les adultes, il est en général aisé de saisir lorsque son interlocuteur.rice baisse son rythme ou son intonation et que la parole est acquise. Mais pour les bébés, comment cela se passe-t-il ? Selon Erika Parlato, « on a été surpris de voir que parmi les bébés français observés, ils anticipent la variation de voix de leur maman pour prendre leur tour de parole. Par contre, au Brésil, le tour de parole n’est pas le même, il est mélangé. C’est celui qui parle le plus fort qui se fait entendre. Et ça, le bébé brésilien l’a bien compris. »

Super pouvoirs : une imagination débordante !

Quel que soit son lieu de naissance, le bébé va conserver la ou les langues qu’il entend le plus régulièrement. C’est ce qu’on appelle l’élagage. Cela signifie que le bébé utilise toute son imagination et perçoit une multitude de possibilités, dans une action, qui se singularisent avec le temps. Erika Parlato-Oliveira traduit cela par un exemple concret : « La façon dont on manipule les objets. Le bébé va prendre la cuillère et sera capable de faire une musicalité avec alors qu’en tant qu’adulte, nous serons plus rationnels et verrons l’objet par son utilité première, celle de manger. Le bébé explore donc constamment, ce qui relève d’un travail que l’on imagine très fatiguant. » Les bébés imaginent donc des choses, font des hypothèses et les vérifient ensuite tels des petits chercheurs.

Bébés chercheurs, bébés poètes…

Une recherche commune est en cours – entre Erika Parlato-Oliveira et Bernard Golse, Professeur en psychiatrie infantile et ancien chef de service à l’Hôpital Necker à Paris – intitulée « Les bébés naissent-ils poètes ? ». Ont-ils une aptitude immédiate à une sensibilité poétique, artistique ? Pour le Pr Golse : « Il faut penser aux correspondances sensorielles, aux métaphores qui passent d’un canal sensoriel à l’autre chez les bébés. L’expérience d’un bébé à qui l’on met une tétine sans qu’il la voit, il s’explore avec ses sens et la reconnait sur une photo qu’on lui montre par la suite. Cela démontre que la rencontre entre la transmodalité maternelle et celle du bébé sont peut-être les racines de la transmodalité humaine, la métaphore étant au socle de la poésie. »

→ Écouter « Les bébés sont-ils des poètes ? », épisode 2/10 du podcast « Les super pouvoirs des bébés (France Inter)

Samuel Walheer

« Collectif TWOgether » : renforcer l’inclusion sociale des familles grâce à des binômes solidaires

Le « Collectif TWOgether » est un rassemblement de cinq associations – Le Petit vélo jaune, Cabane (La Ligue des familles), Bras Dessus Bras Dessous, Peluche et Singa – actives en Région bruxelloise. Le but du projet ? Créer des binômes solidaires sur une base volontaire afin de faciliter les relations entre les bénévoles et les familles, favoriser les échanges, rompre l’isolement ou, plus globalement, renforcer l’inclusion sociale.

Le lien derrière la création d’un binôme est sans aucun doute la bienveillance et la solidarité. Deux personnes, un bénévole et une personne ou une famille (monoparentale), se rencontrent et développent une relation sur une durée déterminée. La demande peut provenir d’un besoin de soutien ou d’échanges interpersonnels ou alors d’une simple présence. Les bienfaits sont nombreux : améliorer la situation de la personne ou de la famille, rompre l’isolement, créer des ponts sociaux, ainsi que des espaces de rencontres pour des personnes fragilisées et en difficulté.

Pourquoi un collectif ?

Différentes raisons ont poussé les cinq associations à mettre à profit leurs connaissances du terrain et leurs compétences diverses autour d’un projet commun. Il s’agit, tout d’abord, d’échanger les bonnes pratiques en matière de coordination de binômes solidaires. Les asbl souhaitent ensuite être une porte d’entrée unique pour des personnes candidates à du volontariat de qualité auprès de publics différents. Elles veulent également promouvoir les binômes solidaires comme vecteur d’inclusion sociale et rassembler des personnes vers un but commun. Enfin, elles espèrent favoriser l’entraide et soutenir des familles en Région bruxelloise.

Quelles sont les associations ?

À ce jour, cinq associations sont à l’origine de la fondation du projet commun appelé collectif TWOgether. Il s’agit des associations suivantes :

  • Le Petit vélo jaune: accompagne des parents isolés socialement, en situation de difficultés et de précarité, dès le début de leur aventure familiale, voire dès le début de la grossesse.
  • Bras Dessus Bras Dessous : permet des rencontres intergénérationnelles et interculturelles en mettant en contact des personnes âgées de plus de 60 ans, vivant à domicile et exprimant un sentiment de solitude et/ou d’isolement social, avec des voisin·es plus jeunes souhaitant passer un peu de temps au gré des disponibilités et des affinités qui se créent.
  • CABANE (La Ligue des familles) : met en relation, dans un même quartier, un parent solo avec un.e volontaire (l’accompagnant.e) qui s’engage à consacrer deux heures chaque semaine pendant un an à un enfant de famille monoparentale.
  • Peluche : permet à des enfants et adolescent.e.s (les « passager.ère.s ») qui grandissent dans des centres d’hébergement de l’aide à la jeunesse à Bruxelles, d’être accompagné.e.s par des volontaires dans des activités de loisirs et/ou d’accompagnement scolaire.
  • Singa : crée, entre autres, des espaces de rencontre en binôme entre nouveaux arrivants et bruxellois. Ces rencontres favorisent l’accès à de nouvelles opportunités pour les nouveaux arrivants et construisent une société riche de ses diversités où chacun peut réaliser pleinement son potentiel en y trouvant sa place.

5 associations, 1 but commun

Les associations qui forment actuellement le Collectif TWOgether se rassemblent autour d’un socle commun : la posture bienveillante, l’autonomie, la solidarité, le bénévolat et l’encadrement professionnel de la relation. Pour d’autres organismes qui souhaitent rejoindre le collectif dans le futur, voici les valeurs et les principes qui régissent leurs interventions :

  • Posture bienveillante : Nos équipes salariées et nos volontaires adoptent une attitude respectueuse et chaleureuse envers chaque personne accompagnée ou encadrante. Cette posture bienveillante permet à chaque individu de se sentir accueilli, en sécurité et dans une relation d’égalité, d’horizontalité et de réciprocité.
  • Autonomie : Nos volontaires sont formé·es, outillé·es et supervisé·es afin de contribuer, par leur propre action et en collaboration avec les personnes accompagnées, à rendre celles-ci actrices de leur choix et de leur vie, à mettre en valeur et développer leurs capacités et à tendre vers leur autonomie totale.
  • Solidarité : L’action de nos structures et de nos volontaires s’inscrit dans une démarche intangible de solidarité entre les individus, quels que soient leur statut, leur genre, leur âge, leur origine sociale ou ethnique. Via ce principe de solidarité, nous nous lions les un·es aux autres et nous construisons ensemble un réseau qui soutient chacun·e de ses membres et ne laisse personne de côté. Chaque action de solidarité interpersonnelle à une échelle locale contribue à la construction d’un monde plus juste et plus durable, à la déconstruction des préjugés et à faire se rencontrer des publics qui ne se rencontrent pas habituellement.
  • Bénévolat : L’action de nos structures repose principalement sur l’investissement volontaire de citoyen·nes auprès d’autres personnes nécessitant un soutien et/ou un accompagnement, ou simplement souhaitant créer du lien. Ce qui motive l’engagement de nos bénévoles est le fait d’être un·e acteurice du changement, d’agir à son échelle, de rendre ce qu’on a reçu, d’apporter son énergie, de prendre du temps pour en donner, de vivre une expérience humaine enrichissante personnellement et dans la réciprocité, tout cela sans recherche d’une rémunération.
  • Encadrement professionnel de la relation : L’objet social de nos structures repose sur l’intervention de nos volontaires auprès des personnes à soutenir ou à accompagner. Toutefois, nos volontaires n’agissent pas en leur nom propre mais en collaboration et sur base d’une convention avec nos associations. Le cadre professionnel fixé et garanti par nos structures s’impose sur tous les aspects et à toutes les étapes de l’intervention des volontaires, qu’il s’agisse de leur sélection, de leur formation, de leur mise en relation avec les personnes à soutenir ou à accompagner, de la supervision, de leur accompagnement et de leur évaluation. C’est cette expertise reconnue en termes de “matching” qui fait le cœur et la spécificité du métier de nos associations.

Samuel Walheer

Accouchements : les mères s’expriment sur l’accessibilité aux soins

En vue de mieux saisir le vécu des mamans ayant accouchés, les résultats d’une enquête, qualitative et quantitative, menée par la Mutualité Chrétienne viennent de paraître. L’étude met l’accent sur les problèmes d’accessibilités aux soins auprès de 3.000 femmes, membres de la MC, ayant mis au monde leur enfant entre 2022 et 2023. Ce qui ressort de l’enquête est le manque d’information sur les soins disponibles, le manque de temps ou encore le coût trop élevé des soins et des séjours hospitaliers.


Dans une précédente étude réalisée par la Mutualité Chrétienne, il ressortait que les mères bénéficiant de l’intervention majorée (BIM) avaient moins recours aux soins avant et après l’accouchement. Les résultats de cette nouvelle étude viennent donc conforter la précédente. À cet égard, Elise Derroitte, vice-présidente de la Mutualité Chrétienne explique : « il y a encore trop de facteurs qui freinent l’accès aux soins, particulièrement pour les femmes vulnérables. Notre système de santé se doit pourtant de garantir à toutes l’accès à tous les soins nécessaires ».

L’information et le temps manquent

L’enquête démontre une forte disparité entre les mères BIM et les mères non-BIM à propos de la disponibilité des soins de santé. En effet, les mères non-BIM déclarent manquer ou ne pas trouver les bonnes informations ; 76% des mères non-BIM ont pris contact avec une sage-femme avant et après l’accouchement alors que du côté des mères BIM, 88% seulement l’on fait. Un autre élément ressort de l’étude concernant la notion du temps des nouvelles mamans : « Des données qualitatives, il ressort que bien des mères ont à gérer de nombreux problèmes de la vie quotidienne, en plus de leur grossesse : les autres enfants, la tenue du ménage, etc. Bref, elles ont trop peu de temps pour gérer leur propre situation. Cela met une pression supplémentaire sur leurs épaules, ce qui n’est pas acceptable », déclare Elise Derroitte.

Un coût encore trop élevé

En ce qui concerne l’accessibilité financière des soins pré ou postnatals, les résultats montrent que seules six femmes sur dix, BIM ou non, les trouvent abordables. Parmi les nombreux prestataires de soins pour une femme enceinte, environs 85% des mamans interrogées estiment que seules les sages-femmes et les médecins généralistes seraient abordables. Les tickets modérateurs – bien qu’ils participent à réduire le coût total des futures mamans – lorsqu’ils s’accumulent sont parfois difficile à payer. À cet effet, Elise Derroitte ajoute : « C’est en effet une situation très interpellante. Le prix des prestations est invoqué. Un prix élevé car trop peu de prestataires de soins sont conventionnés. Si rien n’est fait, on se dirige vers une situation où l’accouchement deviendra impayable pour certaines catégories de personnes. Ce n’est clairement pas ce que nous voulons à la MC. De plus, l’accessibilité financière doit être élargie à tous les soins, qu’ils soient pré ou post-natals. La MC reste persuadée ​que le conventionnement des prestataires est la meilleure solution pour garantir un accès équitable aux soins pour les patientes.

Pour plus de confort

Par manque de moyens, les mamans avec un statut BIM sont moins souvent couvertes par une assurance hospitalisation ; le séjour se passe alors en chambre double. Ce qui devrait être un espace calme et reposant est alors perçu comme lieu inconfortable et coûteux. « Les mères BIM indiquent plus souvent avoir ressenti un mal-être à l’hôpital. Cela est dû au fait qu’elles sont accueillies en chambres à plusieurs lits et qu’elles doivent partager un espace commun avec d’autres mamans, d’autres bébés et des visiteurs. Elles voient aussi défiler infirmières, kinés et médecins dans leur chambre, ce qui a un impact sur leur repos. Plusieurs d’entre elles témoignent également ne pas avoir été comprises lorsqu’elles ont exprimé des problèmes émotionnels. C’est sur tous ces points qu’il faut travailler », ajoute Elise Derroitte. Pour pallier ce mal être ressenti par les mamans, l’enquête démontre qu’il faudrait mieux les informer sur les soins pré et post-natals, faciliter les démarches suite à la naissance du bébé, étendre ce congé de naissance ou du moins mieux le répartir, aménager le temps de travail ou encore permettre à celles qui en auraient besoin des séances abordables de kinésithérapeutes.

Les points clés de l’étude

En résumé, l’étude démontre que :

  • À peine six femmes sur dix trouvent les soins autour d’un accouchement abordables. ​ ​
  • ​​Les futures mères ignorent trop souvent que le médecin généraliste et une sage-femme peuvent également suivre leur grossesse.
  • Les montants qui restent à charge des mères pour les soins pré et postnatals restent trop élevés (autour de 350 euros et jusqu’à 2000 euros et plus à la suite d’un accouchement par césarienne en chambre individuelle)
  • Les mères BIM quittent l’hôpital plus tôt après un accouchement, e.a. par manque de calme dans une chambre à plusieurs lits.
  • ​​​La MC plaide pour que chaque mère puisse bénéficier d’une chambre individuelle si elle le souhaite, sans surcoût.

« Chaque femme devrait pouvoir choisir une chambre individuelle si elle le souhaite, sans coûts supplémentaires, ​ afin de débuter sereinement cette nouvelle étape dans les meilleurs conditions, entourée de calme et de soutien », conclut Elise Derroitte.

Samuel Walheer

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Don d’ovocytes : les raisons d’une offre si faible ? Brussels IVF a mené l’enquête

Le don d’ovocytes a fait l’objet d’une récente étude dirigée par des chercheurs de la Brussels IVF, centre de reproduction humaine de l’UZ Brussel. Pour mener l’enquête, un questionnaire numérique et anonyme a été publié auprès de jeunes femmes résidant en Belgique et âgées de 21 à 30 ans. Les résultats montrent qu’une femme sur cinq est prête à faire un don d’ovocytes. D’autres facteurs ressortent de cette étude comme, par exemple : instaurer des programmes d’éducation pour augmenter la conscientisation et la transparence, disposer d’une législation claire en vue de protéger l’anonymat des donneurs ainsi que des parents et des enfants.

De manière générale, la demande d’ovocytes des donneuses augmente – en raison d’une ménopause, d’un problème génétique ou d’un âge avancé – mais ne rejoint pas l’offre qui, elle, reste faible. Comment cela s’explique ? Serait-ce dû à une procédure trop invasive (comparée au don de sperme), un manque de connaissances ou encore aux éventuelles conséquences sur leur santé mentale ? Publiés dans le Journal of Assisted Reproduction and Genetics, les résultats de l’enquête répondent de manière assez significative à toutes les questions que les futures donneuses pourraient se poser. Par ailleurs, l’enquête fait partie de la thèse de master de Britt Schoonjans. Cette dernière a été étudiante à l’Université d’Anvers en vue d’obtenir un master en soins infirmiers et de sage-femme dans le cadre de son poste de sage-femme en chef à l’UZ Brussel (Brussels IVF).

Pourquoi une offre si faible ?

L’offre reste donc faible, en comparaison à une demande croissante d’ovocytes provenant de candidats parents. D’après l’étude, 19% des femmes seraient favorables à faire un don d’ovocytes et 39% hésiteraient à cause du don anonyme. 52% des répondantes se montreraient inquiètes par rapport au manque de garanties de l’anonymat sur le long terme. Lorsqu’il s’agirait d’un don d’ovocyte à des candidats-parents connus, le pourcentage évolue : 41,2 % ont répondu oui, 26 % ont dit non et 33 % sont incertaines. Le facteur anonyme prend donc vraisemblablement une part importante dans le choix des femmes à effectuer un don d’ovocyte. D’autre part, toujours d’après les résultats de l’étude, un bon nombre des participantes seraient favorables à partager leur identité aux futurs parents ; avec pour condition de limiter voir refuser le contact avec la progéniture ou les parents. En effet, 13% des participantes autoriseraient un contact avec le couple et 9% si la demande proviendrait de l’enfant.

La solidarité comme maître mot

Le facteur motivant l’acte d’un don d’ovocyte s’est avéré être l’altruisme. Selon l’étude, 86,6 % des participantes souhaitaient simplement aider les autres ou ressentiraient de l’empathie pour les couples ayant un désir d’enfant dans leur réseau. Deux autres éléments considérés comme important par les personnes interrogées sont ressortis de l’enquête : le soutien et l’accompagnement. En effet, bien qu’il provient d’un choix personnel, mûrement réfléchi, faire un don d’ovocytes n’est pas un acte banal. Un encadrement avant, pendant et après le processus semble donc figurer comme un point important selon les participantes à l’enquête. À cet égard, près de 69 % d’entre elles ont déclaré avoir besoin d’un soutien psychologique si elles faisaient un don. Au contraire, les éventuels avantages comme une compensation financière ou un suivi médical gratuit n’ont que peu d’intérêt.

« Avec ces résultats, nous voulons non seulement améliorer les connaissances sur le don d’ovocytes, mais aussi sensibiliser aux aspects psychologiques du don. Les résultats de l’étude montrent à quel point il est important de mettre en place des programmes éducatifs qui sensibilisent et ouvrent davantage au don d’ovocytes à travers le monde », précise Britt Schoonjans, sage-femme en chef et chercheuse.

Un mot sur l’étude

Pour information, l’étude a été menée entre février et avril 2023 avec une visée quantitative. Parmi les 390 femmes ayant commencé à répondre au questionnaire, 352 l’ont rempli complètement. Voici d’autres données quant aux participantes à l’enquête :

  • L’âge moyen était de 25,2 ans.
  • 77,9% était de race blanche.
  • 88,7 % étaient hétérosexuelles.
  • Deux tiers avaient un partenaire : 7,2 % étaient mariées, 36,2 % vivaient en concubinage, 24,9 % ne vivaient pas en concubinage.
  • Un tiers étaient célibataires.
  • Le niveau d’éducation était élevé : 45,9 % étaient titulaires d’un diplôme de bachelier et 38,7 % d’un diplôme universitaire.

→ Pour consulter l’étude

Samuel Walheer