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Coup d’œil sur la mini-série documentaire Post-Partum

Le 16 mars dernier eut lieu une projection exceptionnelle de la mini série française “Post Partum” au cinéma Aventure à Bruxelles. Ce fut l’occasion, pour la petite équipe de Born in Brussels, de rencontrer un très grand nombre de professionnel.le.s du secteur périnatal et d’en connaître davantage sur leurs activités respectives.

L’événement a été organisé par Nadège de Bonte et Stéphanie Halleux, doulas de l’Association Francophone des Doulas de Belgique (AFDB), en collaboration avec La Ligue des Familles dans le cadre de leur enquête sur le post-partum. Parmi les participant.e.s rassemblé.e.s ce soir-là : La Ligue des familles, Plateforme citoyenne pour une naissance respectée, Association Francophone des Doulas de Belgique (AFDB), De Postpartum Beweging, ASBL Timoun autour de la naissance, Amala Espace Naissance, Mélinda Le Bacquer – Sage femme, LiOde, Frida Kids, MamanCercle, SuperMamas Europe, Nutrition Nouvelle, Nutrimom, MonBouillon, etc.

Mini- série Post-Partum, un documentaire d’utilité publique

“Pourquoi un sujet ancestral, vécu par quasiment la moitié de l’humanité est-il si peu documenté ? Pourquoi les femmes s’autocensurent-elles dans cette expérience universelle ? Que se passe-t-il de si inavouable en post-partum ? Qu’est-ce qu’exactement le post-partum ? Pourquoi 30% des mamans font des dépressions dans le moment qui est censé être le plus beau de leur vie ?” Ce sont là quelques questions que s’est posé la réalisatrice française Eve Simonet, qui a elle même vécu un post-partum difficile. En 2020, elle a donc voulu de renseigner de manière plus approfondie sur le sujet et s’est rendu compte qu’un véritable tabou entoure cette période. C’est alors que son projet de documentaire a démarré dans sa tête. Son ambition : récolter les témoignages de toute une série de professionnels, de mamans, d’acteurs du terrain… en France et à l’international.

Le 8 mars 2022, le petit documentaire qu’Eve Simonet avait prévu de réaliser s’est finalement transformé en une série documentaire en 4 épisodes et plus de 60h d’interviews intégrales mis à disposition sur une plateforme de streaming indépendante. Et ce n’est pas encore terminé, puisque d’autres épisodes devraient encore voir le jour dans les prochains mois.

Quelques mots sur le post-partum

Comme l’a expliqué La Ligue des Familles au sein de son enquête sur le post-partum, “Entre l’OMS, l’ONE et différents spécialistes, les définitions et surtout la durée du post-partum varient. Pour l’OMS, cela débuterait à partir du moment où la mère et son enfant quitteraient la salle d’accouchement jusqu’à six semaines après la naissance. Et pour d’autres, cela irait jusque six mois. Pour d’autres encore, chaque post-partum serait unique.

Cette période est en tout cas un vrai bouleversement pour toutes les mères. Avec l’arrivée de leur enfant, elles doivent complètement réinventer leur quotidien : les nuits, les tâches ménagères, leur vie de famille et leur vie professionnelle. Outre leur corps fortement impacté par les neuf mois de grossesse et l’accouchement, leurs nerfs sont également mis à rude épreuve. Il est donc essentiel de prendre en compte tant les aspects physiques que psychologiques engendrés par le post-partum

Bien qu’éprouvant, le post-partum ne doit cependant pas être confondu avec la dépression post-partum qui nécessite une prise en charge particulière. Cette dépression toucherait près de 30 % des femmes ayant accouché. Elle n’est pas à prendre à la légère puisqu’elle peut avoir des conséquences dramatiques pour les familles, les nouveau-nés et les mères.”

 

→ REGARDER LA SÉRIE DOCUMENTAIRE POST PARTUM 

Yoga pré et postnatal : une pratique essentielle souvent négligée (interview croisée)

Aline Jeandenans et Charlotte Verdin sont toutes les deux professeures de Yoga pré et postnatal. La première, qui est aussi sage-femme, donne des cours, au sein de l’asbl Aquarelle, à des (futures) mamans sans-papiers pour la plupart. La deuxième s’adresse à des (futures) mamans plus privilégiées pouvant se payer des séances collectives privées. Dans les deux cas, les bienfaits du Yoga sont incontestables et aident les participantes à mieux appréhender leur grossesse, leur accouchement et ensuite leur postpartum. Born in Brussels est allé à leur rencontre, au sein des locaux d’Aquarelle, pour effectuer une interview croisée. 

Charlotte Verdin et Aline Jeandenans, professeures de Yoga pré et postnatal – Photo : Sofia Douieb

 

En ce matin friquet de février, les deux femmes arrivent ensemble à vélo devant la porte close des locaux d’Aquarelle, rue de l’Hectolitre. Aline Jeandenans, tout en se débarrassant de ses affaires, explique la fonction des lieux. Cet endroit, selon ses dires, vient en aide à des femmes enceintes ou tout juste mamans issues de l’immigration, vivant dans une grande précarité, sans sécurité sociale et souvent isolées. Parmi les activités proposées (non médicales – tout ce qui est médical se passe dans les locaux du CHU Saint-Pierre), il y a des ateliers contraception et allaitement, un vestiaire Femme pour obtenir des vêtements de grossesse, des séances d’informations et de préparation globale à la naissance, des ateliers sociolinguistiques… Et également, et c’est ce qui va nous intéresser ici, du Yoga pré et postnatal. Aline et Charlotte s’installent dans la vaste salle où sont habituellement données les séances de Yoga. Parmi les tapis de sol, les sangles, les chaises et autre matériel, l’interview peut commencer.

   

Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Charlotte : Maman de trois enfants, j’ai découvert la pratique du yoga lorsque j’étais enceinte de mon premier bébé. Suivre des cours en collectif m’a beaucoup aidée lors de mes grossesses ainsi que lors de mes accouchements et de mes postpartums. Grâce à cela, j’ai pu mieux comprendre et ressentir mon corps, je me suis approprié des outils pour gérer le stress et l’inconnu… Aujourd’hui encore, la pratique du yoga et de la méditation sont un soutien au quotidien dans mon cheminement de parentalité. Intimement convaincue de la puissance et de la pertinence de cette discipline, j’ai commencé à me former pour être en mesure de transmettre tout ce dont j’avais pu profiter aux personnes qui m’entouraient. Professeur certifiée par la Yoga Alliance depuis 2017, je me suis ensuite spécialisée dans le yoga pré et postnatal. Depuis deux ans environ j’ai la chance d’accompagner des femmes enceintes, des couples et des jeunes mamans grâce au yoga. J’offre des sessions dans divers lieux à Bruxelles, notamment dans des cabinets de sage-femme (Ressources périnaturelles et Zwanger in Brussel).

Aline : Je suis sage-femme depuis plusieurs années au CHU Saint-Pierre et en partie chez Aquarelle, un service intra-hospitalier spécifiquement dédié aux (futures) mamans en situation irrégulière. J’effectue des consultations postnatales à domicile avant de transmettre le relais à l’ONE ou Kind&Gezin. Voyant que le Yoga manquait dans l’offre d’activités proposées aux femmes qui se présentent chez Aquarelle, et ayant moi-même les compétences pour donner des cours, j’ai proposé d’introduire cette pratique. C’est ainsi qu’en 2020, ont débuté des séances de yoga périnatal. Elles sont organisées dans les locaux rue de l’Hectolitre et animées par moi-même. 

C’est quoi au juste le Yoga pré et postnatal ?

Aline : Le yoga pré et postnatal est une pratique du yoga qui répond aux besoins spécifiques des femmes enceintes et des jeunes mamans qui viennent d’enfanter. Lors des séances, les participantes sont invitées à visiter différentes postures (asanas) scrupuleusement sélectionnées, en lien avec les phases dans lesquelles elles se situent. Pour préparer nos cours, nous puisons de l’inspiration auprès de différentes sources, parmi lesquels des professeurs de yoga comme Rita Keller ou Geeta Iyengar mais également de personnalités du monde de la médecine plus académique comme le Dr De Gasquet (médecin généraliste et professeur de yoga, experte en périnatalité), Blandine Calais-Germain, ou les gynécologues Frédéric Leboyer ou Michel Odent. Lors de la séance, des étirements, des placements sont faits et les asanas (postures) sont travaillés de façon très précise, souvent avec des supports (blocs en bois, couvertures, sangles, chaises) pour dynamiser, assouplir, tonifier, calmer le corps et le mental, faire de la place au bébé qui grandit, préparer le corps, tout particulièrement le bassin et le périnée, à l’accouchement et à l’après. Un cours après l’accouchement est proposé, orienté autour de la récupération physique, du bassin, du périnée et des abdominaux. Ces séances post-partum se donnent aussi en groupe, les bébés étant également les bienvenus. La séance dure entre une heure quart et une heure et demie. Elle est proposée toutes les semaines pour pouvoir accueillir plus de femmes. Tous les cours de yoga se terminent par un moment de relaxation guidée que les femmes apprécient beaucoup.

Quels sont les bienfaits du Yoga pour les (futures) mamans ?

Charlotte : Pour les futurs parents, c’est une véritable mine d’or ! Pour rester en forme et apprendre à se détendre, gérer les « petits » maux de grossesse (maux de dos, hypertension,, ouverture prématurée du col, bébé en siège…), mais aussi pour tisser des liens avec d’autres futures mamans (ce qui aide à la prévention des dépressions du postpartum), partager et échanger sur son vécu, ou se préparer à la naissance notamment physiologique (gestion du stress et de la douleur)… Mon approche a également pour but de sensibiliser les femmes, de les encourager à prendre conscience de leurs compétences et à les renforcer, à prendre soin d’elle… bref à devenir les actrices de leur projet de naissance, dans une logique « patiente partenaire » et une optique clairement féministe. 

Aline : Le yoga fait partie de la médecine ancestrale holistique indienne qu’est l’Ayurveda. Pratiquer le yoga, c’est avoir envie de prendre soin de soi. Il s’agit de réharmoniser la santé globale, autant au niveau corporel, qu’au niveau mental. Ce qui s’avère essentiel au moment de l’accouchement notamment. Ensuite, il faut muscler les bras ou d’autres partie du corps pour retrouver la forme. Je les emmène donc, par le corps, à effectuer des transformations plus profondes. 

Est-ce que la pratique est accessible à toutes et diffère-t-elle selon le public touché ?

Charlotte : Je dois avouer que les (futures) mamans qui viennent à mes cours vivent plutôt aisément et peu sont issues de l’immigration. Elles pratiquent le Yoga pour souffler un peu dans leur vie souvent trépidante et pour prendre un moment rien que pour elles. De mon côté, je les aide à mieux sentir leur bébé, ainsi qu’à aborder plus sereinement le moment de la naissance. J’essaie toujours de laisser un temps de parole à chacune pour qu’elles puissent exprimer leur ressenti et éventuellement partager leurs expériences. C’est également important après la naissance, durant le postpartum. Quand on a donné naissance, le corps est fatigué, le bassin et les ligaments se relâchent et il faut accepter cette nouvelle femme en lui “donnant naissance”, en quelque sorte (c’est ce qu’on appelle la “matrescence”). Pour ce faire, la parole est encore une fois essentielle pour mettre des mots sur les sensations et pour se rendre compte que c’est normal de ne pas aller spécialement bien directement après l’accouchement. 

Aline : De mon côté, les femmes, majoritairement africaines que je reçois en séances, ne parlent pas toujours le français. La parole n’est donc pas le premier canal de communication. Il me faut trouver des gestuelles, veiller à la communication non-verbale… Si elles sont souvent réticentes au début, elles comprennent vite que cela ne peut leur faire que du bien et reviennent la fois suivante. Pour certaines, lorsque je les accompagne dans leurs postures, je dois faire attention où je les touche, car il peut y avoir eu des traumas corporels dus à d’éventuelles violences sexuelles ou autre. C’est aussi en sachant cela que j’ai voulu proposer ce genre de cours ; pour que ces femmes-là puissent aussi en bénéficier. Le seul hic, c’est qu’au 1 an de l’enfant, elles ne peuvent pas continuer et nous devons les réorienter vers des asbl ou des lieux communaux où le Yoga ne coûterait pas trop cher. 

Après quelques photos du lieu, de certains détails, des deux femmes, je remarquai qu’Aline et Charlotte continuaient à parler encore et encore de leur travail. Les opportunités d’échanger sur leurs pratiques et les différences liées à la fréquentation de leurs cours avaient l’air de réellement les passionner. Cette interview croisée leur a permis de faire du lien entre elles et se persuader (de nous persuader également) encore un peu plus de l’aspect essentiel de la pratique du Yoga pré et postnatal.

Propos recueillis par Sofia Douieb (+ photos)

 

        

Et pour aller plus loin, quelques références scientifiques à propos des bienfaits du yoga périnatal :

  • DANGEL, Alissa R., DEMTCHOUK, Veronica O., PRIGO, Corinne M. et KELLY, Jeannie C., 2020. Inpatient prenatal yoga sessions for women with high-risk pregnancies: A feasibility study. Complementary Therapies in Medicine. janvier 2020. Vol. 48, pp. 102235. DOI 10.1016/j.ctim.2019.102235.
  • DOMÍNGUEZ-SOLÍS, Esther, LIMA-SERRANO, Marta et LIMA-RODRÍGUEZ, Joaquín Salvador, 2021. Non-pharmacological interventions to reduce anxiety in pregnancy, labour and postpartum: A systematic review. Midwifery. 2021. Vol. 102, pp. 103-126. DOI 10.1016/j.midw.2021.103126
  • DORAN, Frances et HORNIBROOK, Julie, 2013. Women’s experiences of participation in a pregnancy and postnatal group incorporating yoga and facilitated group discussion: A qualitative evaluation. Women and birth : journal of the Australian College of Midwives DOI 10.1016/j.wombi.2012.06.001
  • KWON, Rachel, KASPER, Kelly, LONDON, Sue et HAAS, David M., 2020. A systematic review: The effects of yoga on pregnancy. European journal of obstetrics & gynecology and reproductive biology. 2020. Vol. 250, pp. 171177. DOI 10.1016/j.ejogrb.2020.03.044.
  • RAHNEMAEI, Fatemeh Alsadat, FASHAMI, Mahta Abbasi, ABDI, Fatemeh et ABBASI, Mahmoud, 2020. Factors effective in the prevention of Preeclampsia:A systematic review. Taiwanese journal of obstetrics & gynecology. mars 2020. Vol. 59, n° 2, pp. 173182. DOI 10.1016/j.tjog.2020.01.002.
  • SREERANJINI, P, MURALEEDHARAN, Anjaly et KRISHNARAJABHATT, Hemavathi, 2018. Combined effect of yoga and sūtikāparicaryā in normal vaginal delivery and caesarean section: Case series. Ancient science of life. 2018. Vol. 37, n° 4, pp. 217221. DOI 10.4103/asl.ASL_15_18.
  • STYLES, Amanda, LOFTUS, Virginia, NICOLSON, Susan et HARMS, Louise, 2019. Prenatal yoga for young women a mixed methods study of acceptability and benefits. BMC pregnancy and childbirth. 28 novembre 2019. Vol. 19, n° 1, pp. 449. DOI 10.1186/s12884-019-2564-4.

Carte blanche : “Éviter les violences gynécologiques et obstétricales grâce à l’écoute et au respect de chaque femme”

À l’occasion de la Journée Internationale des droits des femmes du 8 mars dernier, l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (H.U.B) – qui réunit l’Hôpital Erasme, l’Hôpital de Enfants et l’Institut Jules Bordet – s’est positionné sur la thématique des violences gynécologiques et obstétricales faites aux femmes. Ces violences sont une réalité. Elles existent, elles arrivent, volontairement ou non. Il faut pouvoir mettre des mots sur les maux et continuer de faire évoluer la médecine grâce à l’expérience des patientes. Une carte blanche signée Anne Delbaere, Clotilde Lamy, Isaline Gonze, Anne Holoye, Maxime Fastrez & Philippe Simon.

“La médicalisation de l’accouchement, conjointement à toutes les avancées en termes de prise en charge médicale, représente un progrès de taille qui a permis de réduire considérablement la mortalité maternelle et infantile d’une part, et les complications liées à l’accouchement d’autre part. Elle s’est accompagnée de nouveaux gestes, actes et techniques médicaux (épisiotomie, césarienne, …) qui peuvent s’avérer violents pour la patiente et induire une perception négative de l’accouchement. Ces pratiques peuvent être effectuées trop vite et parfois même, pourraient être évitées. L’OMS alerte sur l’usage excessif de ces pratiques et prône une « expérience positive de l’accouchement », au maximum. Le corps médical, la structure et l’institution font partie intégrante de cette expérience.

Vivre avec son temps et faire évoluer les pratiques

Les pratiques gynécologiques et obstétricales évoluent avec le temps. D’une part, du côté du corps médical, les pratiques d’il y a quelques décennies ne sont plus celles d’aujourd’hui. Avec l’évolution des connaissances scientifiques, la médecine gynécologique et obstétricale devient de plus en plus précise et personnalisée. D’autre part, du côté des patientes, la parole s’ouvre et les femmes osent de plus en plus exprimer leurs ressentis. Avec l’expérience des soignants comme des patientes, des actes de l’époque, tels que les touchers vaginaux systématiques, ne sont plus pratiqués aujourd’hui. Rien n’est figé dans le temps, la médecine continuera d’évoluer et la poursuite de l’échange entre les femmes, ou entre femmes et soignants, amènera une meilleure compréhension des ressentis différents de chaque patiente.

Échanger et dialoguer pour une prise en charge respectueuse

Le dialogue, le respect mutuel et la confiance entre le soignant et la femme représente le socle d’une prise en charge respectueuse des besoins de celle-ci. Au sein de nos institutions, nos patientes sont des partenaires actives de leur prise en charge, que ce soit au niveau d’un projet parental, d’un projet de naissance ou de choix parmi différentes options thérapeutiques pour différentes pathologies gynécologiques. Ce dialogue permet notamment à nos patientes de prendre une place de plus en plus grande dans le choix des traitements que leurs seront appliqués. Les différentes Cliniques et unité fonctionnelle du service sont ancrées dans une démarche d’intégration des aspects humains et de respect des patientes. L’échange est primordial et résulte d’une volonté des deux parties d’avancer ensemble dans ces projets de vie.

Formation des soignants

Reflet des valeurs humanistes de nos institutions, nous nous engageons à former les gynécologues et obstétriciens, sages-femmes, infirmiers et infirmières de demain à cette attention particulière : à la relation entre le personnel soignant et les patientes, à la communication, à la notion de consentement éclairé et à la promotion d’une approche humaine des soins. Parce que la formation des soignants traverse les frontières de l’hôpital, nous soutenons également des associations professionnelles qui participent à l’évolution générale de la profession, par le partage des expertises. Nous encourageons les patientes à réfléchir à leur plan de naissance. Au quotidien, nous discutons les cas en équipe pour analyser les situations délicates notamment en cas d’interventions en urgence ou de vécu difficile en consultation ou lors d’actes techniques. Le consentement des patientes est une notion de la plus haute importance pour nous.  Il nous importe de discuter avec la patiente de son vécu, de son ressenti et d’anticiper ensemble, autant que faire se peut, les situations qui pourraient survenir – même les plus graves – et comment réagir dans ces cas-là. Nous abordons ces discussions en toute transparence avec bienveillance. Nous encourageons chaque médecin et chaque soignant à prendre ce temps d’écoute avec chaque patiente. 

Droit à un suivi gynécologique et obstétrical dans l’écoute et le respect

Le droit des femmes, c’est le droit à un suivi gynécologique et obstétrical dans l’écoute et le respect de ses besoins physiques et psychologiques. Et du côté des femmes, de prendre soin d’elles-mêmes, de la meilleure manière possible, celle de suivre leur santé gynécologique et de faire des choix en accord avec elles-mêmes, en termes de maternité, de refus de maternité ou de contraception, par exemple. L’échange se réalise dans les deux sens et c’est la réunion des expériences, du soignant et de la patiente, qui permettront d’aboutir en partenariat à la meilleure forme de prise en charge dans le respect de l’autonomie de décision des patientes.”

Couple et (désir de) parentalité : les recommandations d’une conseillère conjugale

Faire appel à un.e conseiller.ère conjugal.e est une démarche saine et bienvenue, même quand tout semble bien se passer au sein d’un couple. Lorsque les partenaires ont le projet de fonder une famille ou qu’ils viennent d’avoir un bébé, c’est d’autant plus recommandé. L’équipe de Born in Brussels s’est penché sur la question avec Véronique Sorgeloos, une conseillère conjugale pleine d’entrain et de joie de vivre. Elle a accepté de partager son expérience, ainsi que quelques recommandations pratiques. 

Véronique Sorgeloos, conseillère conjugale, était attendue, un après-midi de mars, dans les bureaux de Born in Brussels. Cette femme gaie et avenante d’une cinquantaine d’années, anciennement coiffeuse, semblait toute disposée à se confier sans tabou (tout en préservant le secret professionnel, bien entendu) sur les rouages de son métier qu’elle pratique depuis huit ans. Véronique propose des séances de couple, des séances familiales et des séances individuelles. Elle a également un pied dans les soins palliatifs puisqu’elle offre aux familles d’accompagner et de “conseiller”, à domicile, une personne malade en phase terminale ou désireuse de recourir à l’euthanasie.

Tout d’abord, qu’est-ce qui différencie une thérapie de couple chez un psychologue et une consultation chez un.e conseiller.ère conjugal.e ?

La principale différence est la durée de l’engagement. Le conseil conjugal se situe dans l’ici et maintenant et est plutôt un soutien pro-actif où sont principalement visées les difficultés concrètes et présentes de la relation. Si la crise que l’on traverse paraît ponctuelle, s’il s’agit d’une difficulté bien concrète et passagère sur laquelle on a besoin de l’éclairage d’un professionnel, si l’on ne souhaite pas a priori s’engager dans un travail de longue durée, le recours au conseil conjugal est parfaitement indiqué. En revanche, la psychothérapie suppose un engagement dans la durée et un travail psychothérapeutique en profondeur, car le.la psychologue doit poser des diagnostics et faire des évaluations psychologiques basées sur un échange sur le long terme. Personnellement, j’impose de voir les couples entre cinq et sept fois pour vraiment cerner leurs difficultés et donner des conseils pratiques. Si je constate que l’un des partenaires a besoin d’un soutien psychologique plus poussé, je le/la réoriente vers un.e psychologue. 

Véronique Sorgeloos, conseillère conjugale

Comment se passe généralement une séance de couple chez une conseillère conjugale ?

Je me place comme une confidente ou même une amie ; quelqu’un à qui on peut tout dire (même plus qu’à sa propre mère). J’écoute d’abord le couple, j’analyse les comportements, les non-dits, le non-verbal… Ensuite, je vois chaque partenaire séparément pour entendre aussi ce qui n’arrive pas à être dit au sein même du couple. Je réponds aux questions et aux doutes. Dans un premier temps ou pour une situation précise, la.le conseiller.ère conjugal.e peut paraître moins intimidant.e qu’un.e professionnel.le de la santé mentale. Je commence souvent la séance sur le ton de l’humour, en dédramatisant les choses et en disant qu’il n’y a pas de catastrophe ; qu’une solution va forcément être trouvée. Pour moi, le point essentiel à travailler est de se sentir bien avec soi-même pour être mieux à deux. La confiance en soi, c’est vraiment la clé. 

Que peut apporter une conseillère conjugale à un couple en désir d’enfant ou nouvellement parents ?

Dans le cas du désir d’enfant, si des couples viennent me voir, c’est souvent qu’ils ont essayé de faire un bébé, mais que la nature en a décidé autrement. Il y a alors des frictions et des doutes sur lesquels il est important de communiquer. Ce que je leur dis à nouveau, c’est de dédramatiser, parce que des solutions existent ! Lors de la grossesse, des questions se posent également sur la future éducation de l’enfant, sur les visions communes ou les désaccords… Et puis, j’ai déjà reçu un couple qui venait de perdre leur enfant en couche. Dans ce cas-là, on peut découvrir une autre facette de son partenaire et lui reprocher de ne pas faire son deuil de la même manière, de constater un nouveau comportement qu’on ne connaissait pas… Il faut pouvoir accepter la réaction de l’autre, tout en se focalisant sur soi-même avant tout et retrouver une certaine stabilité. Il faut de toute manière tenter d’éviter de porter également la douleur de l’autre. Enfin, quand l’enfant arrive, d’autres enjeux entrent en ligne de compte et une thérapie familiale peut être entamée. Je peux donner l’exemple de la famille recomposée notamment ; une aventure dans laquelle il faut se lancer avec précaution en ayant bien réfléchi avant. Dans ce cas-là, je tente de rassurer la famille dans sa globalité en mettant l’accent sur le positif. De manière générale, dans ma pratique, j’essaie de voir le positif de chaque situation et de le faire voir également par mes patients. 

Par quoi d’autre que la positivité êtes-vous guidée dans votre pratique ?

J’essaie d’apporter de l’humour, de dédramatiser les choses, d’aller à l’essentiel, d’être aussi empathique que possible tout en gardant une certaine distance professionnelle… Je trouve aussi qu’il faut être suffisamment sain pour faire ce métier et parvenir à aider sainement et sereinement les patients. Souvent, quand je les rencontre pour la première fois, je leur dis : “Je m’appelle Marie Poppins et j’ai toutes les solutions dans mon cabas”. Les gens se sentent alors entre de bonnes mains, je pense, et ils se détendent assez vite, ce qui est propice aux confidences. Et finalement, si je sens que la situation est plus grave chez l’un ou l’autre membre du couple, que j’arrive à un point d’incapacité et qu’un approfondissement est requis, je n’hésite pas à relayer la personne vers un psychologue ou même un psychiatre. C’est aussi ça une conseillère conjugale : accepter ses limites et passer le relais en cas de nécessité. Tout ça dans un seul but : le bien-être mental des patients. 

Propos recueillis par Sofia Douieb et Emmanuelle Van Besien

Born in Brussels, un dispositif désormais inclus au sein de l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles

Vous ne le saviez peut-être pas, mais Born in Brussels, dispositif lancé en septembre 2022, faisait partie du Centre de Documentation et Coordination asbl (CDCS-CMDC asbl). Depuis le 1er février 2023, après deux ans de processus, Born in Brussels appartient désormais à l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale.  

L’Observatoire, service d’étude des Services du Collège réuni (SCR) de la Commission communautaire commune (Cocom), a en effet récemment intégré les missions de service public jusqu’alors réalisées par l’asbl CDCS-CMDC, dont les dispositifs Born in Brussels et Hospichild. 

Qu’est-ce que cela va changer ? 

Cette intégration ne va pas changer grand-chose dans le fonctionnement de Born in Brussels, si ce n’est d’apporter au dispositif un œil et un avis extérieurs, ainsi que de nouvelles possibilités de collaborations. Les recherches et études réalisées par l’Observatoire viendront sûrement ajouter une richesse et un appui supplémentaire au contenu permanent du site web. Au lieu de chercher nos données en externe, nous pourrons désormais collaborer directement avec nos nouveaux collègues.  

Born in Brussels, volet “Information” de l’Observatoire  

Born in Brussels et Hospichild constituent désormais l’un des quatre volets des missions tout juste élargies de l’Observatoire de la Santé et du Social de Bruxelles-Capitale. À savoir : “L’information aux bruxellois et aux professionnels au travers de projets scientifiques”.  

Bruxelles comptabilise historiquement un taux de natalité important (15.690 naissances en 2021) et c’est en ce sens que, par exemple, le projet Born in Brussels a été lancé fin 2022. Il permet aux parents, futurs parents et professionnels du secteur périnatal de se tenir informés sur les questions relevant de la grossesse, la naissance et la petite enfance. En cas de handicap ou de maladie grave d’un enfant, les parents ont la possibilité de se tourner vers le dispositif Hospichild, en place depuis 2007. 

L’Observatoire et ses trois autres missions 

À côté de ce volet informationnel pris en charge par Born in Brussels et Hospichild, l’Observatoire poursuit trois autres missions :  

La recherche et la prospective, en vue d’offrir une vision globale sur la situation socio-sanitaires des bruxellois, leurs besoins et les enjeux pour l’avenir. Bruxelles est une région urbaine, jeune, très hétérogène socialement, multiculturelle, avec de grandes inégalités de santé. L’Observatoire suit ces questions de près, notamment au travers de son Baromètre social publié chaque année. 

La carte des institutions sociales et de santé actives à Bruxelles, en vue de faciliter l’accès à ces services en les rendant plus visibles et compréhensibles pour les Bruxellois et les professionnels, via la plateforme Bruxelles Social. Ce travail est essentiel au vu du nombre très important d’institutions socio-sanitaires actives sur le terrain bruxellois (plus de 4.000). 

La documentation sur les questions d’ordre socio-sanitaires à Bruxelles, via la bibliothèque en ligne Brudoc. 

Ces connaissances consolidées au travers de ces quatre axes vont ainsi permettre de renforcer le travail de production de la connaissance, essentielle dans le développement des politiques sociales et de santé amenées à favoriser le bien-être et la santé de tous les bruxellois.  

Conséquences sur le plan des mentions légales (RGPD) sur nos sites web 

La fusion de l’Observatoire et de l’asbl CDCS-CMDC entraîne aussi des modifications à propos de la gestion de vos données. Les « conditions générales d’utilisation », la « déclaration relative à la protection de la vie privée » ou encore la « politique des cookies » ont été remises à jour conformément à notre nouveau statut.